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Vous nâavez pas pu et ne pourrez pas y Ă©chapper, dans quelques jours, nous fĂȘterons le centenaire de lâarmistice de 1918, un siĂšcle que cette boucherie atroce a cessĂ©, sans empĂȘcher, malheureusement, dâautres conflits dâapparaĂźtre ensuite, et dâaugmenter encore le nombre des morts. Nous aurons droit, une fois encore, Ă toutes ces images de tranchĂ©es, dâobus qui explosent, de gueules cassĂ©es, de sang et de larmes. Nous aurons droit Ă ces commentaires lancinants, touchants, chargĂ©s de tristesse ou dâespoir⊠Le seul moyen de survivre au milieu du chaos, de ne pas sombrer dans lâhorreur de la mort, de lâodeur des cadavres, du froid, de la pluie, de la faim et de la peur, câĂ©tait de prendre un crayon et un feuillet de papier et de sâĂ©chapper, dâaller rejoindre par la pensĂ©e, Ă lâautre bout du fil des mots, celle quâon aimait. Oui, sâil existe un havre dâamour, câest bien dans ces millions de lettres que tous ces hommes ont envoyĂ©es Ă leur femme, leur mĂšre, leur sĆur ou leur fiancĂ©e. Ămile Sauvage faisait partie de ceux-lĂ . NĂ© Ă Caderousse puis habitant Ă Sorgues, en Vaucluse, il a dâabord Ă©tĂ© ingĂ©nieur, ce qui Ă 30 ans passĂ©s, lui avait permis de voyager, au Maghreb, entre autres, de voir le monde, dâautres cultures. Il est parti comme beaucoup en aoĂ»t 1914, lui, câĂ©tait Ă Avignon, pour un regroupement sur la cĂŽte, Ă Beaulieu, ce qui lui fera dire Ă sa femme Il ne me manque que toi, Clairette ! Si tu Ă©tais lĂ , nous tirerions deux fauteuils lâun contre lâautre et, bien moelleusement assis, nous causerions de toutes les jolies choses que nous aimons. » Ămile Sauvage va, bien entendu, se rapprocher du front, doucement, car grĂące Ă son Ăąge, il nâest pas en premiĂšre ligne dĂšs le dĂ©part. Cela lui laissera le temps dâenvoyer 150 lettres Ă Clairette, quâil signera Ton Moumouye ». Il lâaidera Ă gĂ©rer la ferme familiale, choisir les semailles Il ne faut pas semer des Ă©pinards dans lâaire, câest une terre trop maigre. Le lĂ©gume ne fera rien. Il faut au contraire semer dans le jardin entre les lignes de millet et il faudra mettre beaucoup de fumier dans le jardin. », lâaider Ă prĂ©parer sa grossesse. Il la plaindra, elle qui reste lĂ , Ă tout faire seule, alors que pour lui⊠tout va bien⊠Je mâhabille bien et nâai pas froid. Nous sommes trĂšs bien nourris, la table est toujours garnie comme pour les jours de fĂȘte. ». Il minimisait le danger, se jouant des situations Ce vacarme inquiĂ©tait les Allemands qui envoyaient des fusĂ©es Ă©clairantes et nous avons assistĂ© Ă un vĂ©ritable feu dâartifice. CâĂ©tait trĂšs joli Ă voir et pas dangereux du tout. » Il comparera les modes de cultures entre la Champagne et la Provence, ouvrant toujours ses mots vers un avenir meilleur, un aprĂšs⊠Par-dessus tout, il lui Ă©crira des lettres dâamour, toutes plus tendres et enflammĂ©es les unes que les autres. Je suis fou, Clairette, fou de bonheur et dâespoir. Quelque chose chante dans mon cĆur. Il me semble que ta lĂšvre effleure la mienne, que ton corps glisse dans mes bras. » Alors, vois-tu, plus je vais et plus je suis amoureux de toi, et il me semble de ton cĂŽtĂ© que câest la mĂȘme chose et que nous nous aimerons de plus en plus Ă mesure que nous vieillirons. Est-ce que tu ne rĂȘves pas de moi quelquefois ? Il ne te semble pas la nuit que je suis Ă cĂŽtĂ© de toi, que je te serre bien fort, que nos deux cĆurs se frĂŽlent. Je ne sais pas ce que je ferai pour te faire plaisir, ni quelle caresse je pourrai te donner pour te caresser plus encore. » Et quand il terminera ses lettres ainsi, on comprendra combien le lien dâamour est le seul qui les garde en vie et ne fait pas vaciller sa raison Quand tu mâĂ©criras, dis-moi un peu des choses amoureuses et alors je prendrai ton portrait dâune main et ta lettre de lâautre et il me semblera que je te fais la cour. Maintenant je vais mâendormir en pensant Ă toi, le joli rĂȘve que je vais faire ! Que de bĂ©cots je vais te faire toute la nuit ! Papa Moumouye. » Il y aurait tant Ă dire sur ce recueil de lettres⊠tant dâĂ©motion, tant dâamour, tant de tendresse. Lorsque vous ouvrirez Lettres du Front, vous lirez Ămile Sauvage sur la couverture. Peut-ĂȘtre quâen le refermant, il sera devenu Ămile, cet aĂŻeul que nous avons tous perdu dans les tranchĂ©es. Dominique Lin Lettres du Front, nouvelle Ă©dition augmentĂ©e 2018, collection MĂ©moires premiĂšres lettres en ligne, cliquer ici ISBN 978-2-911137-63-1 â 160 pages, format 210 X 240 mm Pour les plus jeunes, nous vous conseillons, dans la collection Ă©lan J, Grand-pĂšre Ă©tait dragon, de Denise DĂ©jean, illustrĂ© par Nathalie Desperches Boukhatem. RĂ©sumĂ© En arrivant en cours dâannĂ©e dans sa nouvelle Ă©cole, Jean est intimidĂ©. Il bĂ©gaie et les autres se moquent de lui. Câest en faisant un devoir donnĂ© par Babette, son institutrice, que lâenfant dĂ©couvre quâun de ses arriĂšre-grands-pĂšres Ă©tait⊠dragon. ISBN 978-2-911137-62-4. 32 pages quadri - 10 ⏠Chronique prĂ©cĂ©dente Des pissenlits sur ma tombe, Jean-Philippe Chabrillangeas, Ă©d. Elan Sud
Lettretype : Lettre d'un poilu. Recherche parmi 274 000+ dissertations. Par MiKLOF ⹠30 Septembre 2018 ⹠Lettre type ⹠453 Mots (2 Pages) ⹠386 Vues. Page 1 sur 2. 26 octobre 1916, Verdun. Chers parents, Je vous écris aujourd'hui sans la certitude de mon retour. A mon arrivé dans les tranchées, on m'a armé, moi un soldat de 1Úre
Lettres dâun poilu de CouffĂ© souvenir de la guerre 14-18 Seules quelques familles ont eut la chance de retrouver les lettres que leur aĂŻeul envoyait du front. Dans ces lettres se trouvent toute la vie et les pensĂ©es quâun poilu avait dans les tranchĂ©es. LâĂ©criture Ă©tait pour eux un rĂ©confort, je suis content que tu mâĂ©cris câest la seule consolation » lettre du 1er mars 1915, cela leur permettait de garder contact avec leur famille et dâavoir des nouvelles autres que celles du front. Louis fut lâun de ces soldats perdu dans la multitude de ceux qui survivaient sur le champ de bataille. Louis a 33 ans quand la guerre Ă©clate en 1914. Il est originaire de CouffĂ©, une petite commune de Loire Atlantique, non loin dâAncenis. Il y habite avec sa femme Louise et ses enfants Louis et Marie-Louise. Le 14 novembre 1902, ce jeune homme de 20 ans, encore cĂ©libataire, quitte ses parents pour aller faire son service militaire au sein du 28Ăšme RĂ©giment dâArtillerie de Rennes comme 2Ăšme canonnier servant soldat affectĂ© Ă une piĂšce dâartillerie. Il y restera un an avant dâĂȘtre dĂ©mobilisĂ© et de retourner Ă CouffĂ©. Le CET des pluches les Ă©plucheurs de patates Ă lâarmĂ©e, collection privĂ©e Quelques annĂ©es plus tard, en 1910, il Ă©pousa Louise dont il aura 2 enfants, Louis en 1911 et Marie Louise en 1913. Presquâun an aprĂšs la naissance de sa fille la guerre Ă©clata et il fut appelĂ© sous les drapeaux comme des millions dâautres hommes quâils soient français, britanniques, allemands⊠quand il reviendra ses enfants auront bien grandi. ____________________________________________________________ La guerre est dĂ©clarĂ©e Le 28 juin 1914 lâarchiduc François Ferdinand, hĂ©ritier du trĂŽne dâAutriche-Hongrie, est assassinĂ© avec sa femme Ă Sarajevo. Cet Ă©vĂ©nement dĂ©clenchera, le 3 aoĂ»t 1914, un conflit mondial qui durera 5 ans opposant deux camps, la Triple Entente France, Royaume-Uni, Russie et la Triple Alliance Allemagne, Empire austro-hongrois, Italie. DĂ©clarations de guerre en 1914 L'Autriche Ă la Serbie le 28 juillet, Ă la Russie le 5 aoĂ»t. L'Allemagne Ă la Russie le 1er aoĂ»t, Ă la France le 3 aoĂ»t, Ă la Belgique le 4 aoĂ»t. Le Royaume-Uni Ă l'Allemagne, le 4 aoĂ»t, Ă l'Autriche le 13 aoĂ»t. Le Japon Ă l'Allemagne le 23 aoĂ»t. La France et le Royaume-Uni Ă la Turquie le 3 novembre. ____________________________________________________________ Le 1er aoĂ»t 1914, lâordre de mobilisation est donnĂ©e en France, Louis reçoit le sien, ainsi il part laissant femme et enfants comme des millions dâautres. Il part muni de son livret militaire dans lequel se trouvait son fascicule de mobilisation. C'est grĂące Ă ce document de 4 pages que chaque homme savait exactement quoi faire une fois la mobilisation dĂ©crĂ©tĂ©e. Il existait 5 couleurs de fascicule suivant le mode de transport ou le type dâaffectation, Louis, prenant le chemin de fer dut en recevoir un rose. Lâacheminement des soldats vers leur base de cantonnement se fit par le biais du chemin de fer ou Ă pied, millions de rĂ©servistes vont dire adieu Ă leur famille ne sachant quand ils les reverront. Ils partent avec le sentiment dâavoir Ă dĂ©fendre leur pays et que la guerre sera courte. Le consentement de la population rĂ©pond Ă la menace qui pĂšse sur la patrie, sur le sol français et sur les familles. Dans une armĂ©e composĂ©e de jeunes soldats et dâun grand nombre d'hommes mariĂ©s et pĂšres de famille, la dĂ©fense et la protection des siens », revĂȘtent une importance capitale. Archives nationales française Louis est dâabord incorporĂ© Ă lâartillerie divisionnaire puis au 2Ăšme RĂ©giment dâArtillerie Coloniale 2Ăšme RAC et convoquĂ© le 4 aoĂ»t Ă Brest, notamment au fort de lâIle Longue dâoĂč il Ă©crit Ă Louise. Il y dĂ©crit les nombreux militaires qui sont cantonnĂ©s Ă Brest et quâil voit les navires cuirassers, les contre-torpilleurs, les torpilleurs, les bateaux hĂŽpitalles ». Certains soldats nâont pu se rĂ©soudre Ă abandonner leur famille, un sergent dâinfanterie qui est avec nous il a amenĂ© sa femme et ses deux enfants », un autre qui venait avec un enfant de 10 mois dans ses bras quâil a remis a lâhĂŽpital et il a laissĂ© sa femme morte Ă la maison » lâon en voit de toutes les couleurs, chacun raconte ses misĂšres » lettre du 22 juillet 1914. ____________________________________________________________ Le Port de Brest Pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, le port de Brest, loin du front, voit dĂ©barquer de nombreuses troupes Ă©trangĂšres russes, portugaises, amĂ©ricaines⊠qui rejoignent les lieux de combats. Le pays de Brest accueille les premiĂšres bases aĂ©ronavales avec les dĂ©buts de l'aviation militaire. Troupes britanniques 1914 Troupes portugaises 1917 LâIle Longue Elle se situe dans la rade de Brest sur la commune du Crozon et accueillera Ă partir dâoctobre 1914 un camp de prisonniers. Y seront enfermĂ©s essentiellement des intellectuels et artistes allemands, autrichiens, hongrois, alsaciens et lorrains. Les derniers prisonniers partiront en dĂ©cembre 1919. Construction du camp sur lâile 1914 ____________________________________________________________ Au cours de son sĂ©jour Ă Brest, Louis passe probablement de lâartillerie divisionnaire Ă la 22Ăšme Batterie dâartillerie Ă pied du 2Ăšme RAC mais cela ne reste quâune hypothĂšse toute fois les dates de garnison correspondent. Il restera en cantonnement dans la ville jusquâau 27 aoĂ»t 1914 oĂč il est dirigĂ© vers le Havre, autre grand port en France qui verra dĂ©barquer les troupes alliĂ©es afin dâalimenter le front en hommes, je te disais quâon en voit du monde, toujours ils arrivent des anglais, nous travaillons avec les amĂ©ricains ils sont aprĂšs leurs autos. » Lettre du 1er septembre 1914. Il y restera jusquâau 1er juin 1915, date Ă laquelle il partira pour le front. Durant toute la durĂ©e quâil est au Havre il Ă©crit quotidiennement ou presque Ă sa femme afin de lui dĂ©peindre ses journĂ©es Ă lâarriĂšre du front. Durant son sĂ©jour au Havre il ne semble pas passer son temps Ă nettoyer les autos » il travaille dans les champs et sur des chantiers et oui il faut bien remplacer tous ceux qui sont partis se battre et donc les fermes avoisinant la ville font la demande de soldats pour les aider. De plus il faut aussi travailler la terre pour pouvoir nourrir lâarmĂ©e aujourdâhui arrivant de notre chantier je tâenvoie cette carte pour te dire que le travail est assez plaisant, lâon trouve le temps moins long quâĂ la ferme oĂč nous Ă©tions ». Lettre du 1er septembre 1914. Pour le travail quâil effectua Ă la ferme le patron nous a dit quâil nous donnerai 30 sous par jour câest mieux que de gagner 1 sous » lettre du 30 mars 1915 Le peu dâargent quâil gagne lui sert pour ses frais courants ce qui Ă©vite Ă Louise de lui en envoyer. En plus dâaccueillir les troupes fraiches, la ville devient un grand hĂŽpital pour les blessĂ©s qui ne cessent dâarriver. Les Ă©coles au Havre et aux alentours, Rouen et bien dâautres villes les plus rapprochĂ©s des opĂ©rations vont ĂȘtre Ă©vacuĂ©s pour ĂȘtre transformer en hĂŽpital. Le GĂ©nĂ©ral Joffre demande cent milles lits de prĂȘts pour le 15 mars pour recevoir les blessĂ©s probables quâil sâattend avoir, fort coup ça va ĂȘtre terrible pour quâil sâattend Ă cent mille blessĂ©s il faut compter autant de morts que de familles en deuil. Quand on y pense ça donne Ă rĂ©flĂ©chir, ceux qui vont se trouver en premiĂšre ligne vont prendre quelque chose. On veut soit disant prendre lâoffensive, ça veut dire les dĂ©loger de leur tranchĂ©es, je suis encore heureux dâĂȘtre dans ce rĂ©giment⊠» Lettre du 1er mars 1915. Les hommes qui reviendront chez eux ne le seront pas toujours indemne, nombreux seront ceux qui reviendront mutilĂ©s. Dans sa lettre du 10 mai 1915 il parle du frĂšre dâun de ses camarades qui avait deux jambes de coupĂ©s et tu crois que ce nâest pas trop triste vaudrait mieux la mort ce ne serait pas plus triste et combien dâautre, partout câest la misĂšre chacun en a sa part. Lâautre jour on en a dĂ©corĂ© un qui avait un bras et une jambe couper et un Ćil dâarracher⊠» En plus dâaccueillir des hommes, le port voit arriver du matĂ©riel notamment venus dâAmĂ©rique, nous travaillons toujours Ă nos autos, il en vient tous les jours dâAmĂ©rique. »Lettre du 29 dĂ©cembre 1914 Source privĂ©e Le temps oĂč Louis travaillait dans les champs prĂȘt du Havre est dĂ©sormais rĂ©volu, le 1er juin 1915 il est affectĂ© Ă lâarmĂ©e active et part donc pour le front. Sa batterie est dirigĂ©e en cantonnement vers Belfort, Ă 30km de la ligne de front. ____________________________________________________________ Belfort DĂšs le 3 aoĂ»t 1914, Belfort, situĂ© Ă 30km du front, est mis en Ă©tat de siĂšge et la ville passe donc sous le contrĂŽle de lâarmĂ©e. DĂšs lors la population est Ă©vacuĂ©e de la ville Ă lâexception de certains hommes. 20 Ă 25 000 personnes sont contraintes de partir, elles ne pourront revenir quâĂ partir du 15 aoĂ»t 1915, Ă©poque Ă laquelle Louis y est stationnĂ©. Ăvacuation de Belfort en 1914 Durant toute la guerre une garnison de 70 000 hommes environ vivront sur le dos de la population, lâarmĂ©e rĂ©quisitionnant nourriture, chevaux, ferme, matĂ©riel⊠De 1914 Ă 1915 se trouvera entre autre stationnĂ© Ă Belfort des troupes de rĂ©serve ou en repos comme le 235Ăšme, 242Ăšme, 371Ăšme, 372Ăšme, 35Ăšme, 42Ăšme, 171Ăšme, et 172Ăšme RĂ©giment dâInfanterie, la 28Ăšme Brigade dâInfanterie, une partie du 2Ăšme RĂ©giment dâArtillerie dont la batterie de Louis et la 11Ăšme Dragons de la cavalerie. Ătant juste Ă lâarriĂšre des lignes, la ville, en plus de lâarmĂ©e de cantonnement voit arriver de nombreux blessĂ©s qui seront en partie soignĂ©s sur place. Les soldats nâont que peu de mĂ©dicaments pour se soigner sur place. Parmi ces blessĂ©s certains repartiront sur le front et dâautres plus gravement atteint seront Ă©vacuĂ©s vers des hĂŽpitaux. Câest ainsi que les rues seront envahies dâambulances dĂ©chargeant et chargeant des blessĂ©s et faisant sans cesse des allers-retours entre le front et lâarriĂšre. Cette guerre sera une vĂ©ritable boucherie ». DĂšs le dĂ©but du conflit le nombre des blessĂ©s est impressionnant que l'on ne peut tous les soigner. Ils Ă©taient triĂ©s et les mĂ©decins s'occupaient d'abord de ceux qui pouvaient retourner au combat avant de prendre en charge les blessĂ©s plus important. Les mutilĂ©s furent nombreux, on les surnomma les gueules cassĂ©es » l'usage d'armes comme les shrapnels obus Ă balles ou les obus Ă haut pouvoir explosif provoqua des dĂ©gĂąts considĂ©rables sur les corps humains. Jamais, comme pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, les hommes revenus vivants n'ont Ă©tĂ© aussi abĂźmĂ©s. Ă leur retour chez eux, il leur a fallu affronter le regard des civils. Les gueules cassĂ©es ont le plus souvent Ă©tĂ© des objets de dĂ©goĂ»t, malgrĂ© les premiers progrĂšs de la chirurgie rĂ©paratrice. En plus des mĂ©decins il y avait de nombreuses infirmiĂšres, religieuses ou civils, qui prenaient soin des malades ou qui accompagnaient les derniers moments de vie dâun soldat. La dĂ©lĂ©gation des Gueules cassĂ©es Ă Versailles, le 28 juin 1919 Historial de la Grande Guerre de PĂ©ronne Le personnel infirmier de l'hĂŽpital auxiliaire n°105 de Belfort Coll. MusĂ©e du service de santĂ© des armĂ©es, DR. HĂŽpital français 1914-1918 NĂ©cessaire mĂ©dical dâun soldat NĂ©cessaire mĂ©dical dâun soldat ____________________________________________________________ Ă la diffĂ©rence du Havre, Ă Belfort Louis ne travaille pas dans une ferme, lâambiance Ă changer il doit dĂ©sormais sâentrainer pour le combat, Ă tous moments il peut ĂȘtre envoyĂ© se battre. Alors tous les jours lâon fait la manĆuvre de canons de toutes les sortes. Il y en a de 10 sortes, ce nâest pas facile de se rappeler de tout ça. » lettre du 29 juillet 1915 nous travaillons de demi Ă demi, les soirs la moitiĂ© dâentre nous un soir et lâautre le soir dâaprĂšs jusquâĂ temps que tout le matĂ©riel soit arrivĂ©, câest bien du travail que de faire une guerre comme ça. La journĂ©e a Ă©tĂ© assez calme, aujourdâhui les avions nous ont pas beaucoup dĂ©ranger. Hier soir il y a un avion français qui a partie faire sa visite sur les lignes allemandes. Lâon le voyait faire sa manĆuvre, quand ils lâon aperçut les pruneaux ne manquant pas alentours de lui mais il nâavait pas peur. Lâon le voyait encadrĂ© dans les coups de canons mais pour se moquer dâeux il faisait des tours et demi tour comme pour le dire tirer toujours vous ne me tenez pas malgrĂ© la vive cannonade. Il a fait son parcours et il nâa rien attrappĂ© , câest assez difficile a attrappĂ©, on dit que celui lĂ câest un aviateur trĂšs calé⊠» lettre du 13 aoĂ»t 1915 Ce que Louis dĂ©crit Ă sa femme sont les dĂ©but de lâaviation dans la guerre, il se peut que les exploits de cet aviateur soient ceux dâun pilote cĂ©lĂšbre stationnĂ© Ă la mĂȘme pĂ©riode Ă Belfort, Adolphe PĂ©goud qui sera tuĂ© lors dâun duel aĂ©rien au dessus de Petit Croix le 31 aoĂ»t 1915 soit juste quelques semaines aprĂšs cette lettre. Au dĂ©but utilisĂ© pour des missions de reconnaissance les avions furent rapidement utilisĂ©s pour bombarder et pour les duels aĂ©riens. Si avant la guerre ils nâĂ©taient pas encore au point pour le combat, les avancĂ©s durant ses 5 ans seront trĂšs rapides au point dâen faire un atout indispensable Ă la fin de la guerre. Artillerie en 1914-1918 Canon de 75 ModĂšle 1897 Canon de 120 L ModĂšle 1878 Canon de 138 mm ModĂšle 1910 Obusier court de 155 mm Ă tir rapide Rimailho » Canon de 155mm GPF Canon de 155 C modĂšle 1917 Schneider Canon de 155 L ModĂšle 1877 Canon de 240 ModĂšle 1884 Mortier de 220 ModĂšle 1880 Mortier de 270 ModĂšle 1885 Ă partir du mois de septembre plus aucune mention du lieu oĂč Louis se trouve nâapparait sur ses lettres, il semblerait quâĂ partir de cette pĂ©riode il ait rejoint, avec sa batterie, la rĂ©gion de Pontavert dans lâAisne. Ă prĂ©sent lâon va en marche tous les jours. Tous les matins de 6h Ă 1h et lâaprĂšs-midi on nous emplois Ă faire des corvĂ©es des revus dans une maniĂšre on nâest guĂšre plus tranquille quâau front mais on est tout de mĂȘme mieux. » lettre du 23 octobre 1915 Cela ne fait quâun an que les hommes sont partis de chez eux et leur moral nâest pas des plus heureux mentionne quelques fois Louis. Quand donc que le beau jour de la paix arrivera. Je tâassure que ce jour est rĂ©clamer souvent car on commence Ă en avoir assez de ce triste mĂ©tier. » lettre du 23 octobre 1915 Dâautres ont peur de devoir partir se battre Pierre il me dit quâil a la frousse de partir au front » lettre du 29 dĂ©cembre 1914. Ces hommes qui doivent partir se battre savent parfaitement que le champ de bataille est un lieu oĂč ils risquent, dans le meilleur des cas, de revenir blessĂ© voir mĂȘme mutilĂ© pour certain et dans le pire des cas ils y mourront. Certain tenteront mĂȘme de dĂ©serter, quand ils seront rattrapĂ©s ils seront jugĂ©s soit Ă une peine de prison soit Ă servir dâexemple et ĂȘtre fusillĂ©, on parle alors des fusillĂ©s pour lâexemple ». Dans bien des cas ces soldats ne seront coupables que dâavoir eu peur de mourir sur le champ de bataille. Aujourdâhui il en a Ă©tĂ© condamnĂ© un pour 5 ans, il avait dĂ©sertĂ©. Il est de notre batterie et en dĂ©sertant il sâest fait arrĂȘter par une sentinelle a peut ĂȘtre 4km dâoĂč nous sommes. Il lui on demandĂ© le mot et il cherchait Ă se sauver la sentinelle a tirĂ© dessus, la balle lâa attrapĂ© dans le dos, il sâest baissĂ© au coup et la balle lui a frangĂ© les reins, sa veste et sa chemise, il nây au que la peau de frangĂ©e⊠On nous a lu sa condamnation, il y avait 4 batteries en armes et lui Ă passer devant nous pour montrer lâexemple, on en voit de toutes les maniĂšres, ensuite les gendarmes lâont pris et lâont emmenĂ© oĂč je nâen sais rien, il nây a pas Ă faire le rebelle. » lettre du 10 juin 1916 Au total se sera 953 soldats français qui seront fusillĂ©s entre 1914 et 1918, dont 639 pour dĂ©sobĂ©issance militaire, 140 pour des faits de droit commun, 127 pour espionnage et 47 pour motifs inconnus. Le Monde, 27 octobre 2014, "Le nombre des fusillĂ©s de la Grande Guerre est revu Ă la hausse" Poilus, collection privĂ©e En ce dĂ©but 1916 le front ne bouge pas dans le coin oĂč se trouve Louis lâon est toujours au mĂȘme point ça nâavance ni ça recule. Je ne comprends rien dans une guerre comme ça, aussi avec des fortifications comme lâon fait ce nâest pas facile des 2 cotĂ©s de bouger de place. » lettre du 4 janvier 1916. Le temps est long pour les soldats vivant dans les tranchĂ©s, nous faisons toujours le mĂȘme travail » lettre du 13 janvier 1916. Afin de passer le temps ces hommes fabriquent divers objets avec ce quâils ont sous la main du bois, des cartouches dâartillerie⊠Parmi les objets que Louis fabriquera on aura des boutons en plomb qui devaient manquer Ă ses vĂȘtements, une bague pour sa femme ou encore 2 croix quâil enverra Ă sa femme pour ses enfants. Je tâenvoie un petit colis ou sont les petites croix. Elles sont dans une petite boite dâallumette et jâai mis un journal a les enveloppĂ©es et jâai cousu ça. Il y en a une qui est un peu plus grande que lâautre tu la donneras Ă Louis. Je les ai percĂ©e tu pourras leur mettre une petite chaine si tu en trouve. Jâai envi de te faire une autre bague car celles que tu as ne sont pas trĂšs belles. » lettre du 17 avril 1916 Boutons en plomb fabriquĂ©s par un poilu Croix fabriquĂ©es par un poilu en 1916 Le 6 mars 1916, Louis a changĂ© de lieu de cantonnement il est alors basĂ© dans une batterie sur le front. Je suis toujours a gardĂ© ma batterie, câest toujours la mĂȘme chose⊠Il tombe tous les jours un peu de neige, nous sommes encore pas trop mal dans notre souterrain, les rats ne manquent pas trop ils nous mangent tout. » lettre du 6 mars 1916 La vie dans les tranchĂ©es est dure et encore plus en hiver. En plus des rats qui mangeaient les maigres provisions des soldats sâajoutait les poux, la faim, la boue qui sâinfiltrait partout et lâodeur des cadavres que lâon nâavait pu enterrĂ©s. En juin le voilĂ Ă surveiller un bois mais la bataille fait rage, dĂ©fense de quitter le bois » lettre du 1er juin 1916, il fait de longue garde afin de surveiller lâennemi. Toute fois au vue de ce quâil Ă©crit il ne doit pas se trouver au cĆur de la bataille. Au cours de ce mois il est affectĂ© Ă la construction de batteries qui ne servent parfois que 3 ou 4 jours » et qui peuvent atteindre plus de 200m pour 8 piĂšces dâartillerie et dâun souterrain Ă 3m en terre de profondeur, il y en a du travail Ă creuser et ce boyau fait 20m de long, nous en avons 4 ou 5 Ă faire comme ça et lâon peut en faire 2 Ă 3m par jour⊠» lettre du 19 juin 1916. Construction d'une batterie les rondins sont placĂ©s dessus et dessous dans l'ondulation des tĂŽles pour une meilleure protection [photographie de presse] / Agence Meurisse, BNF Durant lâhiver 1916-1917 le temps est froid, humide et pluvieux, les soldats ont de la boue jusquâaux genoux⊠nous ne ressemblons quâĂ de la boue » lettre du 24 fĂ©vrier 1917, le matĂ©riel sâenlise et parfois ils en perdent lors de leur dĂ©placement, la pluie et la neige rendant les routes et chemins impraticables. La neige tombĂ©e durant cet hiver lĂ bloquera jusquâĂ lâutilisation du matĂ©riel hier matin nos piĂšces ne paraissaient plus dans la neige car le vent lâavait emportĂ©e dans les trous et tout Ă©tait plein⊠» lettre du 9 mars 1917 Sans parler du brouillard qui empĂȘche la visibilitĂ© on ne voyait rien seulement Ă 500m devant soi » lettre du 9 mars 1917 Dâici la fin de la guerre Louis changera probablement de lieu et construira certainement encore des batteries. Durant tout le conflit Louis aura la chance, dans la majoritĂ© des cas, dâĂȘtre envoyĂ© dans des zones de combats plus ou moins calme ou Ă lâarriĂšre de la premiĂšre ligne. Son mĂ©tier semblait consister pour une grande partie Ă creuser des batteries et des souterrains. Contrairement Ă dâautre il aura la chance de revenir vivant de cet enfer, sans blessure mais non sans un certain traumatisme des horreurs quâil aura pu voir pendant ces 5 annĂ©es de guerre. ____________________________________________________________ Enfin la guerre est finie Le 11 novembre 1918 la guerre prend fin, lâarmistice est enfin signĂ©e. Les combats cesseront Ă 11h et pourtant des hommes continus Ă mourir sur le champ de bataille ou dans les hĂŽpitaux, on estime Ă environ 500 000 le nombre de soldats morts aprĂšs la guerre des suites de blessures ou de maladie. Au cours de ce conflit plus de 9 millions dâhommes, femmes et enfants mourront sans distinction de nationalitĂ©, de sexe ou dâĂąge soit, en autre, million de français, million dâallemands, 850 000 anglais, 114 000 amĂ©ricains, million de russes et million dâautrichiens et hongrois⊠En plus des morts, en Europe, au lendemain de la guerre, on compte environ 6,5 millions dâinvalides, dont prĂšs de 300 000 mutilĂ©s Ă 100 % aveugles, amputĂ©s d'une ou des deux jambes, des bras, et blessĂ©s de la face et/ou du crĂąne. L'emploi massif des tirs d'artillerie, des bombes, des grenades, associĂ© au phĂ©nomĂšne des tranchĂ©es oĂč la tĂȘte se trouve souvent la partie du corps la plus exposĂ©e ont multipliĂ© le nombre des blessĂ©s de la face et explique la gravitĂ© des blessures. Les progrĂšs de l'asepsie et les balbutiements de la chirurgie rĂ©paratrice permettront de maintenir en vie des blessĂ©s qui n'avaient aucune chance de survivre lors des conflits du 19Ăšme siĂšcle. ____________________________________________________________ Enfin le 15 fĂ©vrier 1919 Louis est mis en congĂ© illimitĂ© de dĂ©mobilisation et rattachĂ© comme 3Ăšme Ă©chelon au n°44 dĂ©pĂŽt dĂ©mobilisateur de la 51Ăšme artillerie. NâĂ©tant pas libĂ©rĂ© de lâarmĂ©e il est affectĂ© au 1er RĂ©giment dâArtillerie Coloniale le 10 aoĂ»t 1921 puis au 111Ăšme RĂ©giment dâArtillerie Coloniale le 1er mars 1924. Il faudra attendre le 10 novembre 1930 pour quâil soit libĂ©rĂ© de lâarmĂ©e et rendu entiĂšrement Ă la vie civile. ____________________________________________________________ Le 2Ăšme RĂ©giment dâArtillerie Coloniale 22Ăšme Batterie Ă pied - Du 6 au 28 aoĂ»t 1914 Brest - Du 28 aoĂ»t 1914 au 12 juin 1915 Havre - Du 14 juin 1915 au 17 aoĂ»t 1915 Belfort - Du 20 septembre 1915 au 23 fĂ©vrier 1916 LâAisne, rĂ©gion de Pontavert puis du Bois de Beaumarais - Du 25 fĂ©vrier au 29 juillet 1916 Verdun - Du 29 juillet au 30 dĂ©cembre 1916 dĂ©pĂŽt dâartillerie lourde Ă Lempire au Bois - Du 5 au 14 janvier 1917 Chapelle de Cormigny - Du 17 janvier au 19 avril 1917 Soissons - Du 20 avril au 24 novembre 1917 Ailette - Le 23 octobre 1917 attaque de Malmaison - Le 21 dĂ©cembre 1917 Coucy le ChĂąteau - Du 21 dĂ©cembre 1917 au 27 fĂ©vrier 1918 le Chemin des Dames - Du 10 juin au 31 juillet 1918 2Ăšme bataille de la Marne - Du 31 juillet au 11 novembre 1918 Bar sur Seine ____________________________________________________________ Tout au long de la guerre Louis ne cessera de prendre des nouvelles de sa famille et dâĂ©crire Ă sa femme comme Ă sa mĂšre, son frĂšre, son oncle ou des compagnons Ă©parpillĂ©s sur la ligne de front. Pourtant toutes ses lettres nâarriveront pas Ă leur destinataire soit parce quâelles se perdront et dâautres seront confisquĂ©es par la censure tu me dis que tu ne les reçois pas toutes. Je tâai pourtant Ă©cris le 8 et le 9 puisque je tâĂ©cris tous les jours mais il ne faut pas mettre grand-chose pour quâelles nâaillent pas » lettre du 23 octobre 1915. Dans ses nombreuses lettres on lit toute lâinquiĂ©tude quâil a pour sa famille, du travail dure que sa femme doit avoir aux champs, il semble se sentir coupable de ne pas ĂȘtre lĂ pour lâaider. tu me diras si les petits ont bon appĂ©tit et toi tu ne doit pas manquer de mal de tĂšte avec tout ça mais soit tranquille Ă mon sujet car je suis trĂšs bien pour le moment. » lettre du 19 juillet 1915 Il sait que les hommes et les domestiques sont devenus moins nombreux, dans une lettre du 29 dĂ©cembre 1914 il lui dit il ne faut pas trop le maltraiter, au contraire lui donner courage sar sâil nous laissait en plant que ferais tu. Tu sais que les domestiques sont rares⊠». Parrain va ĂȘtre bien embĂȘtĂ© sâil nâa point de valet, il ne doit guĂšre en avoir Ă gagĂ© dans le pays » lettre du 13 janvier 1916. Depuis le dĂ©but des hostilitĂ©s lâarriĂšre sâest organisĂ© pour soutenir au mieux les hommes partis se battre. Les femmes ont du remplacer les hommes dans bien des domaines comme les usines, les fermes, les commerces, lâadministration⊠il faut bien ramener de lâargent pour nourrir la famille. Quand les hommes rentreront elles abandonneront leur libertĂ© pour retourner Ă leur vie de femme au foyer comme si la guerre nâavait jamais existĂ©. Femmes travaillant dans une industrie de munitions durant la premiĂšre guerre mondiale, MusĂ©e ImpĂ©rial de la Guerre, Londres Il nâa, comme bien dâautres, que les photos pour se souvenir dâeux et supporter cette guerre. Hier soir jâai reçu tes photographies, ça mâa fait quelque chose quand je vous vois, faut pourtant pas compter se voir tout de suite car malheureusement cette guerre nâest pas fini Ă voir tout ça. » lettre du 30 mars 1915 Il nây a seulement pas une minute dans le jour que je ne songe pas Ă vous tous. » lettre du 29 mai 1916 Les quelques photos quâils emmĂšnent ou que leur famille leur envoie sont un moyen de ne pas oublier leur visage. Les hommes qui partent ne laissant derriĂšre eux personne Ă qui Ă©crire ou ceux coupĂ©s de tous liens avec leurs proches pour divers raisons pourront trouver en la personne de la marraine de guerre quelquâun Ă qui Ă©crire et se confier. Ces femmes leur apporteront un grand soutien, elles pourront mĂȘme leur envoyer des colis et Ă partir de 1916 les recevoir en permission, de ces Ă©changes naitront de vrai liens affectifs dont certains se solderont par un mariage aprĂšs la guerre. Afin de rassurer Louise il prĂ©cisera souvent quâil est en bonne santĂ© », quâil ne lâoubliera jamais et quâil lâa dĂ©sire ». Mais toutes les familles ne reçoivent pas forcĂ©ment des nouvelles rĂ©guliĂšres, certaines sont des semaines voir des mois sans nouvelles et un jour une lettre arrive de nouveau mais dans dâautres cas câest un acte de dĂ©cĂšs que les familles reçoivent. Il y a un frĂšre de un de mes camarades qui a Ă©tĂ© 3 mois sans Ă©crire, il le croyait aussi eux mort et il a Ă©crit lâautre jour, il y en a plusieurs comme ça⊠» lettre du 30 mars 1915 La mĂšre de Louis est sans nouvelles de son autre fils Pierre, elle doit ĂȘtre bien en chagrin⊠mais faut pas se dĂ©sespĂ©rer avant de voir peut ĂȘtre quâil est prisonnier ou quâil ne peut pas Ă©crire, il y en a bien dâautre que sont plus longtemps sans nouvelles et qui en reçoivent⊠» lettre du 31 mars 2015 Mais Pierre ne reviendra pas du front il sera tuĂ© en mars 1915 Ă Mesnil les Hurlus Ă lâĂąge de 27 ans. Pour les soldats le temps se fait long, leur famille leur manque tous les jours et les permissions sont rares. Louis nâen aura pas beaucoup durant les 4 ans quâil sera parti, il en parle rĂ©guliĂšrement dans ses lettres. Si jâavais eu seulement 4 jours de permission jâaurais pu en couper un peu. Je ne suis pas prĂȘt dây aller ⊠mais on dit que les premiers vont partir mercredi prochain 4 aoĂ»t, il doit en partir 3 tous les jours ça nâira pas vite sur 300 quâon est dans la batterie⊠Voila un an quâon a pas vu sa chĂšre petite famille sa nous semble un peu trop long » lettre du 29 juillet 1915. Le 13 aoĂ»t 1915 il ne sait toujours pas quand viendra son tour pour une permission. Le 16 octobre 1915 ce nâest pas encore mon tour jâirai sans doute aussi moi mais quand je nâen sais rien⊠». Le 13 janvier 1916 voilĂ bientĂŽt 18 mois » quâil nâa pas vu sa famille. Enfin Ă la fin fĂ©vrier ou dĂ©but mars 1916 il a eu sa permission, il a retrouvĂ© les siens mais pour peu de temps. A son retour il faudra attendre encore de nombreux mois pour revoir les siens. Les permissions sont rares et courtes, et les soldats qui retournent dans leur famille sont souvent dĂ©sagrĂ©ablement surpris Ă l'arriĂšre, on ne connaĂźt rien de leur vie au front. Les poilus s'emportent contre les embusquĂ©s », les planquĂ©s » qui sont parvenus Ă Ă©viter le combat par des intrigues. Je vois tout le monde sâhabituer Ă la guerre et il se moque pas mal de ceux qui y sont mais nous autres un ne sây habitue pas si facilement que ça. Je voudrais bien voir ceux qui en mettent tant dans leurs poches y venir faire un tour, ils ne craneraient pas tant comme ils le font en ce moment. Câest ce que je mâĂ©tais apperçu un peu en permission sur les raisonnements de plusieurs qui nâont aucun des leurs aux dangers, ils pensent en eux, la guerre peut durĂ©e pendant ce temps lĂ lâon vend tout moitiĂ© plus cher quâen temps de paix. » lettre du 6 mars 1916 quel chance tout de mĂȘme ceux qui sont restĂ©s ils ne pensent guĂšre aux autres⊠» lettre du 23 octobre 1916 Tout au long de cette guerre les soldats français ne mangeront pas forcĂ©ment Ă leur faim contrairement aux soldats britanniques mieux lotis de ce cotĂ©s lĂ . Tu me demandes si lâon est bien nourrit dans la ferme oĂč nous allons, il y a des jours pour ça il y a dâautres que câest maigre un peu, beaucoup de beurre Ă tous les repas et comme boissons de la boitte comme on fait chez nous, ça ne donne guĂšre de force le vin⊠» lettre du 30 mars 1915 Grace aux colis que leur famille leur feront parvenir, les petites douceurs de leur rĂ©gions amĂ©lioreront leur quotidien. Jâai reçu ton colis⊠il y avait du beurre et du pĂątĂ©, le beurre est encore bon mais le pĂątĂ© nâest pas fameux, il Ă©tait Ă moitiĂ© perduâŠQuand tu me renverras quelque chose, envoi moi du beurre câest ça qui se conserve le mieux et qui fait le plus de bĂ©nĂ©fice et quâon aime le mieux » lettre du 21 mars 1916. Les colis mettant plus ou moins longtemps Ă venir certaines des denrĂ©es pĂ©rissables nâĂ©taient plus comestibles une fois que Louis recevait ses colis. Louis tout au long de sa correspondance avec Louise lui rĂ©clamera du beurre car il semble cher sur le front jâen vois qui en achĂšte aux environs de 5fr la livre, il nâest pas bon marchĂ©. » lettre du 25 aoĂ»t 1916 Certains recevaient aussi des conserves ou des boites de biscuits et les colis Ă©taient parfois complĂ©tĂ©s de nĂ©cessaire de toilette ou de vĂȘtements comme des gilets de peau » et des chaussettes » lettre du 10 mai 1915 Sources divers Archives dĂ©partementales de Loire Atlantique Archives Nationales BibliothĂšque Nationale de France Tapuscrit Ăcole de lâArtillerie-transcription intĂ©grale- Franck MUNT AOR 66-2015- Historique du 2Ăšme RAC Correspondances de guerre dâun poilu entre sa femme et lui
Publiéle 11/11/2013 à 10h00. ALBERT PROVOT, poilu ( 1895-1915 ) guerre 14-18, photographié pendant son service armé. La premiÚre lettre adressée à ses parenrs, domiciliés à Saint-Fargeau
Vues 734 Lettre dâun poilu Ă sa femme La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour lâexemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus dâobtempĂ©rer. » Le 30 mai 1917 LĂ©onie chĂ©rie Jâai confiĂ© cette derniĂšre lettre Ă des mains amies en espĂ©rant quâelle tâarrive un jour afin que tu saches la vĂ©ritĂ© et parce que je veux aujourdâhui tĂ©moigner de lâhorreur de cette guerre. Quand nous sommes arrivĂ©s ici, la plaine Ă©tait magnifique. Aujourdâhui, les rives de lâAisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversĂ©e, brĂ»lĂ©e. Le paysage nâest plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchĂ©es de premiĂšre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelĂ©s, câest la guerre des mines avec la perspective de sauter Ă tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, Ă©paisse, collante dont il est impossible de se dĂ©barrasser. Les tranchĂ©es sâĂ©croulent sous les obus et mettent Ă jour des corps, des ossements et des crĂąnes, lâodeur est pestilentielle. Tout manque lâeau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillĂ©s, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid Ă cause de la longueur des boyaux Ă parcourir. Nous nâavons mĂȘme plus de sĂšches pour nous rĂ©conforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous rĂ©chauffer. Nous partons au combat lâĂ©pingle Ă chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffĂ©s dâun casque en tĂŽle dâacier lourd et incommode mais qui protĂšge des ricochets et encombrĂ©s de tout lâattirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participĂ© Ă des offensives Ă outrance qui ont toutes Ă©chouĂ© sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissĂ© extĂ©nuĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s. Les malheureux estropiĂ©s que le monde va regarder dâun air dĂ©daigneux Ă leur retour, auront-ils seulement droit Ă la petite croix de guerre pour les dĂ©dommager dâun bras, dâune jambe en moins ? Cette guerre nous apparaĂźt Ă tous comme une infĂąme et inutile boucherie. Le 16 avril, le gĂ©nĂ©ral Nivelle a lancĂ© une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un Ă©chec, un dĂ©sastre ! Partout des morts ! Lorsque jâavançais les sentiments nâexistaient plus, la peur, lâamour, plus rien nâavait de sens. Il importait juste dâaller de lâavant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes dâaccĂšs boisĂ©es, Ă©taient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil Ă lâĂ©paule jâerrais, la sueur dĂ©goulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausĂ©e. Un vrai charnier sâĂ©tendait Ă mes pieds. Jâai descendu la butte en enjambant les corps dĂ©sarticulĂ©s, une haine terrible sâemparant de moi. Cet assaut a semĂ© le trouble chez tous les poilus et forcĂ© notre dĂ©sillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de lâĂ©tat major. Tous les combattants dĂ©sespĂšrent de lâexistence, beaucoup ont dĂ©sertĂ© et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter Ă dĂ©poser les armes. La semaine derniĂšre, le rĂ©giment entier nâa pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchĂ©e, nous avons refusĂ© de continuer Ă attaquer mais pas de dĂ©fendre. Alors, nos officiers ont Ă©tĂ© chargĂ©s de nous juger. Jâai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour lâexemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus dâobtempĂ©rer. En nous exĂ©cutant, nos supĂ©rieurs ont pour objectif dâaider les combattants Ă retrouver le goĂ»t de lâobĂ©issance, je ne crois pas quâils y parviendront. Comprendras-tu LĂ©onie chĂ©rie que je ne suis pas coupable mais victime dâune justice expĂ©ditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliĂ©s de lâhistoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandĂ©s, Ă lâaube, agenouillĂ© devant le peloton dâexĂ©cution. Je regrette tant ma LĂ©onie la douleur et la honte que ma triste fin va tâinfliger. Câest si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon dĂ©part au combat Ă©tait une si douce et si jolie folie mais aujourdâhui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cĆur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire Ă ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pĂšre est tombĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mĂ©moire des poilus fusillĂ©s pour lâexemple est rĂ©habilitĂ©e, mais je nây crois guĂšre, alors seulement, et si tu le juges nĂ©cessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce LĂ©onie, lorsque le temps aura lissĂ© ta douleur, de ne pas renoncer Ă ĂȘtre heureuse, de continuer Ă sourire Ă la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite Ă toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous mĂ©ritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cĆur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravĂ©s dans ma mĂ©moire, seront mon dernier rĂ©confort avant la fin. EugĂšne ton mari qui tâaime tant Source Autrement-Vue
Lettred'un poilu Ă sa femme : "La sentence est tombĂ©e : je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempĂ©rer." ***** Quatre ans d'horreur, de visions macabres et de sang qui coule. Mais aussi des heures Ă attendre dans les tranchĂ©es, des moments d'ennuis, de doutes, puis de rĂ©confort au moment de lire les mots de sa bien-aimĂ©e, son frĂšre ou sa marraine. Certains soldats de la PremiĂšre Guerre mondiale se sont mĂȘme montrĂ©s poĂštes dans la douleur, au moment de partager leurs pensĂ©es avec leurs proches. Leurs essais, ceux qui n'Ă©taient pas censurĂ©s, se sont souvent retrouvĂ©s dans la presse de l'Ă©poque, comme une chronique de la Grande Guerre, vue de l' la veille de la cĂ©lĂ©bration du centenaire de l'armistice, RetroNews, le site de presse de la BibliothĂšque nationale de France BNF, nous ouvre ses archives afin de picorer dans ces Ă©crits d'oĂč jaillissaient parfois l'espoir, l'amour et l'humour ! Lorsque tu reviendras, je te gĂąterai de caresses⊠» C'est vĂȘtu comme un ours [âŠ] ça attend sa marmite [âŠ] C'est informe, innommable et souvent plein de poux. C'est un poilu, madame⊠et c'est votre Ă©poux ! » Ce 18 aoĂ»t 1916, le journal Le Radical publie en brĂšve ces quelques lignes d'un homme Ă qui le front n'a visiblement pas enlevĂ© sa comme celui-lĂ , un certain Paquito, dont la lettre Ă sa douce - en colĂšre - est publiĂ©e dans Le XIXe siĂšcle ChĂšre petite femme, ta derniĂšre lettre m'apprend que la Censure a mis le nez dans ta correspondance et je crois deviner, Ă te lire, combien tu es ennuyĂ©e de cet accident et pĂ©niblement surprise de voir ainsi violer notre intimitĂ© et nos tendres secrets⊠HĂ©las, Mienne chĂ©rie, [âŠ] c'est la guerre ! Il n'y a plus Ă s'Ă©tonner de rien », Ă©crit d'abord le soldat, qui poursuit en imaginant, avec humour, que le censeur est peut-ĂȘtre un ecclĂ©siastique choquĂ© de leurs manifestations de tendresse⊠Et d'en conclure sa lettre en pied de nez Ă son potentiel lecteur intrus Cher trĂ©sor adorĂ©, Ă©cris-moi toujours de bien amoureuses missives qui me sont ici le meilleur souvenir des heures de bonheur que nous avons vĂ©cues. Je te rĂ©pondrai toujours. Et la peste soit sur le censeur ! Reçois, Ă sa barbe, les plus doux baisers de ton mari qui t'adore. »Avec une telle relecture, les coquineries doivent ĂȘtre discrĂštes, et imagĂ©es. Lorsque tu reviendras de tes froides tranchĂ©es, de tes boyaux sanglants, ĂŽ mon pauvre adorĂ©, pour te faire oublier tes rudes chevauchĂ©es, tes douleurs, ton cafard, ce calvaire abhorrĂ©, que je te gĂąterai de suaves caresses, que je te donnerai tous mes soins les plus doux, revivant en un jour nos premiĂšres ivresses en te couvrant, chĂ©ri, des baisers les plus fous ! » Bien qu'intitulĂ© Lettre d'une femme Ă son mari », ces quelques phrases publiĂ©es dans Le Ver Luisant en janvier 1918 ne sont que l'expression du fantasme d'un soldat poĂšte, le sergent AndrĂ© Soriac, reconnu Ă l'Ă©poque par ses pairs pour la musique de ses les Ă©crits enthousiastes des soldats sont dĂ©tournĂ©s pour faire la propagande d'une guerre qui dure⊠Comme ce 23 fĂ©vrier 1916 dans Le Matin, dans une compilation de morceaux choisis intitulĂ©e La confiance de nos soldats ». Du fond des tranchĂ©es, nous jugeons⊠» Note bien que si, pour avoir la victoire, il fallait encore se lancer dans la fournaise, nous sommes toujours prĂȘts Ă y entrer ! » aurait ainsi Ă©crit l'un d'eux. Et l'article de conclure Chacun, suivant son tempĂ©rament, exprime sa foi imperturbable en l'avenir de la patrie. »Quelques rĂ©flexions politiques filtrent toutefois. Comme ce 7 dĂ©cembre 2015 dans le journal Le SiĂšcle Du fond des tranchĂ©es, nous jugeons les Ă©vĂ©nements de notre politique extĂ©rieure en nous Ă©loignant, chaque jour davantage, du point de vue qui semble prĂ©dominer dans les milieux gouvernementaux. [âŠ] La plus abominable violence est dĂ©chaĂźnĂ©e contre nous [âŠ] En dĂ©pit des conventions internationales qu'elle avait signĂ©es, l'Allemagne emploie contre nos soldats des gaz asphyxiants, elle maltraite les prisonniers de guerre, leur donne une nourriture insuffisante, les contraint Ă des travaux de dĂ©fense contre nous-mĂȘmes [âŠ] et pourtant dans les sphĂšres dirigeantes de Paris, on affecte des scrupules pour user de reprĂ©sailles ou tirer parti de toutes les armes qui peuvent concourir Ă notre dĂ©fense », accuse un homme qui signe L'Ancien ».Et certains de partager leur rĂ©jouissance de la fin de la guerre, comme ce soldat en permission qui Ă©crit Ă un camarade restĂ© au front Je regrette presque d'avoir eu ma permission au moment de la victoire. J'aurais voulu ĂȘtre avec vous, pour entendre chuinter le dernier obus et claquer la derniĂšre balle de mitrailleuse. [âŠ] Nous aurions trinquĂ© ensemble. [âŠ] Comme j'ai pensĂ© Ă vous en lisant les journaux⊠[âŠ] Vraiment oui, vous avez dĂ» ĂȘtre heureux. L'ennemi capitule. Nous avons la victoire complĂšte. Et vous y entrerez, en Allemagne, Parbleu ! » Lettredâun jeune prĂȘtre Ă ses sĆurs. Mort pour la France en 1916 Ma bien chĂšre petite Edith, ma bien chĂšre petite Alice, si vous recevez cette lettre, câest que le bon Dieu aura acceptĂ© le sacrifice que, depuis longtemps dĂ©jĂ , je lui ai fait de ma vie. Avec moi, mes bien chĂšres petites, il faudra, non pas pleurer, Martin Vaillagou est nĂ© le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a Ă©pousĂ© sa femme EugĂ©nie en 1900 et il est venu vivre avec elle Ă Malakoff, prĂšs de Paris. LĂ , ils ont fondĂ© ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospĂšre. Deux enfants sont nĂ©s Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin Ă©tait admirateur de JaurĂšs et poĂšte Ă ses heures. MobilisĂ© comme ses quatre frĂšres, le soldat Vaillagou Ă©tĂ© tuĂ© avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la rĂ©gion de Mourmelon, le 25 aoĂ»t 1915, un mois avant la mort de deux de ses frĂšres, tuĂ©s le mĂȘme jour et au mĂȘme endroit. Maurice, son fils aĂźnĂ© qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dĂ» travailler aprĂšs la mort de son pĂšre dans une entreÂprise de produits chimiques. Il est mort d'une leucĂ©mie foudroyante en janvier 1918, trois ans aprĂšs son pĂšre. Il avait quatorze ans. Voici pour Maurice. Je vais exaucer les voeux Ă Maurice dans la mesure du possible. D'abord pour les lignes de combat, je vais traÂcer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer Ă maman, Ă moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pourÂrai le faire. J'en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n'est pas sĂ»r. Ce n'est pas mainÂtenant le moment d'aller les dĂ©coiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut rĂ©flĂ©chir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu'un garçon prussien Ă©crive Ă son pĂšre la mĂȘme chose que toi et qu'il lui demande un kĂ©pi de Français, et si ce papa prussien rapportait un kĂ©pi de Français Ă son petit garçon et que ce kĂ©pi fut celui de ton papa ? Qu'est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plys tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque de Prussien, je vais t'envoyer Ă toi, Ă Raymond, maman peut les receÂvoir aussi, des petites fleurs de primevĂšres que les petits enfants garçons et filles du pays oĂč je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j'ai cueilli cette annĂ©e dans leur jardin pour te les envoyer. Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de mĂȘme. Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu Ă leur malheur de n'ĂȘtre plus dans leur maison. Je vois, je mets mĂȘme mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a lĂ deux, mĂȘme que je ne peux voir sans penser Ă vous et les larmes aux yeux me disent que vous ĂȘtes tout de mĂȘme heureux par rapÂport aux autres... Suippes Marne, le 26 aoĂ»t 1914 Vaillagou Martin Ă ses deux fils Maurice et Raymond Mes chers petits, Du champ de dĂ©vastation oĂč nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une prĂ©cieuse relique; vous obĂ©irez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu'elle puisse vous Ă©lever et vous instruire jusqu'Ă ce que vous puissiez vous instruire vous-mĂȘme pour comprendre ce que j'Ă©cris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours Ă faire l'impossible pour maintenir la paix et Ă©viter Ă tout prix cette horrible chose qu'est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur!... villages incendiĂ©s, animaux pĂ©rissant dans les flammes. Etres humains dĂ©chiquetĂ©s par la mitraille tout cela est horrible. Jusqu'Ă prĂ©sent les hommes n'ont appris qu'Ă dĂ©truire ce qu'ils avaient créé et Ă se dĂ©chirer mutuelleÂment. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement Ă crĂ©er la prospĂ©ritĂ© et la fraternitĂ© de l'univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre pĂšre qui du front de bataille vous embrasse avec effusion, Exprimerson chagrin Ă une personne endeuillĂ©e. Cher ami, Une belle Ăąme, pleine de gĂ©nĂ©rositĂ© et de compassion, s'en est allĂ©e loin de toi, en te laissant dans la solitude et le chagrin. Perdre un ĂȘtre proche, c'est perdre un peu de soi-mĂȘme. Lorsque j'ai connu cette Ă©preuve, lors du deuil de mon mari, j'ai eu l'impression pendant des