UnepremiĂšre lettre adressĂ©e Ă  un poilu. Je t’écris cette lettre dans l’espoir de te rĂ©conforter. Tu dois te sentir bien seul et bien triste le soir dans cet abri glacial qui te sert de refuge. Je t’avoue que depuis que tu es parti, mes rĂ©sultats Ă  l’école sont en baisse. MalgrĂ© mes efforts fournis, je ne cesse de penser Ă  toi.
Moment d'Ă©motion et de recueillement vendredi matin, en face du monument aux Morts des Camoins 11e. RĂ©plique de la lettre de son arriĂšre-arriĂšre-grand-oncle en mains, Clara Drouhot lit les derniers mots de Jean Soulagnes, mort sur le front pendant la guerre de 14-18 et s'adressant le 27 mai 1915 Ă  son "seul ami" Jean Audiffen. "Vous ne refuserez pas le pĂ©nible service, en cas d'Ă©vĂ©nement grave, d'avertir ma famille et ma fiancĂ©e qu'avant de mourir, aprĂšs avoir donnĂ© ma vie au pays, mon Ăąme ne pense qu'Ă  eux", rĂ©cite du haut de ses 8 ans la jeune fille entourĂ©e de ses parents. PrĂ©monitoire lettre. Le 8 juin 1915, Jean Soulagnes est tuĂ© dans le nord de la France, sur le front de la Somme, Ă  HĂ©buterne. Pendant 103 ans, le nom de Jean Soulagnes ne sera plus il ressort des tranchĂ©es en 2018 Ă  la faveur d'une enquĂȘte des policiers de la BSU de la Division centre de Marseille. À la suite d'une sĂ©rie de cambriolage Ă  Marseille et dans sa pĂ©riphĂ©rie, une perquisition est menĂ©e au domicile d'un suspect dans le 5e arrondissement de la citĂ© phocĂ©enne. Ici et lĂ  des preuves des mĂ©faits sont trouvĂ©es. Au fond d'un sac en plastique, la lettre de Jean Soulagnes, pliĂ©e en quatre. Le major Laurent est chargĂ© de l'enquĂȘte. "Nous avons tout de suite compris qu'il s'agissait d'une piĂšce rare. D'une saisie diffĂ©rente", rembobine-t-il. Par chance, la lettre est en bon lecture empreint les enquĂȘteurs d'une Ă©motion rare. "À travers elle, on peut mesurer tout le dĂ©vouement des soldats", souligne avec solennitĂ© le directeur dĂ©partemental de la sĂ©curitĂ© publique, Jean-Marie Salanova. Cette trace de l'histoire de France, ce tĂ©moignage rare pourrait ne rester qu'une piĂšce Ă  conviction sous scellĂ© dans une enquĂȘte criminelle. En accord avec sa direction, la cellule communication de la DDSP dĂ©cide de pousser plus loin les enquĂȘte participativePas n'importe comment, pas par n'importe quel biais les citoyens du Net, les gĂ©nĂ©alogistes vont ĂȘtre mis Ă  contribution. Via les rĂ©seaux sociaux, les comptes Facebook et Twitter de la police nationale des Bouches-du-RhĂŽne, la lettre est publiĂ©e. Le message qui l'accompagne est important. Il invite quiconque Ă  donner des informations sur Jean Soulagnes dans le but de remettre la lettre Ă  ses quelques heures, les policiers obtiennent des milliers de rĂ©ponses. Beaucoup d'encouragements et surtout des Ă©lĂ©ments pertinents sur Jean Soulagnes recueillis entre autres par Marie-Louise Bicais lire ci-dessous, gĂ©nĂ©alogiste amateur sur Marseille. Premier rĂ©flexe, elle consulte les Archives dĂ©partementales et met au jour une sĂ©rie de documents retraçant la vie du soldat. Son acte de naissance et son acte de dĂ©cĂšs imprimĂ©s, avec les autres enquĂȘteurs derriĂšre leurs ordinateurs, elle trouve le nom des parents proches. Le nom de sa fiancĂ©e Marthe de Sorbiers remonte Ă©galement Ă  la surface. Les gĂ©nĂ©alogistes dĂ©couvriront qu'elle s'est mariĂ©e cinq ans aprĂšs la mort de Jean Soulagnes. "C'est la vie", commente avec Ă©motion Marie-Louise, pas au bout de ses remontant le fil des archives, elle met en Ă©vidence le nom de Drouhot. Sur diffĂ©rents sites de gĂ©nĂ©alogie, cette famille basĂ©e en CĂŽte d'Or a publiĂ© une partie de son arbre gĂ©nĂ©alogique. Suffisant pour que les enquĂȘteurs du Net fassent le lien avec Jean Soulagne. La cellule communication de la police nationale des Bouches-du-RhĂŽne se charge de certifier le lien de filiation. StĂ©phane Drouhot est l'arriĂšre-petit-neveu du soldat mort au moins de 48 heures et grĂące Ă  l'investissement de milliers de personnes, la lettre va pouvoir leur ĂȘtre remise. Plus de 103 ans aprĂšs, le rendez-vous fut donc donnĂ© dans l'une des salles de l'HĂŽtel de police de Marseille avant de se rendre devant le monument aux Morts des Camoins. Au milieu de la dizaine de noms rappelant le sacrifice de cette jeunesse française durant la PremiĂšre Guerre mondiale figure celui de Jean Soulagnes. En haut de la stĂšle du monument, un message "Aux enfants des Camoins morts pour la France". Le 1818 l'incroyable histoire de la lettre d'un poilu marseillais retrouvĂ©e 103 ans aprĂšs Marie-Louis Bicais, gĂ©nĂ©alogiste "La gĂ©nĂ©alogie est passionnante" Comment enquĂȘte un gĂ©nĂ©alogiste ?DĂ©jĂ  en Ă©tant curieux ! Pour trouver l'histoire de sa famille et la remonter. On procĂšde comme la police on trouve un petit bout de fil et on dĂ©roule. À partir d'un nom, on part Ă  la recherche de l'acte de naissance. On le trouve sur le site des archives dĂ©partementales. Il y a Ă©normĂ©ment d'archives en ligne dĂ©sormais, elles sont numĂ©risĂ©es. Sur l'acte de naissance, on a le nom des parents, etc. Avec les archives en ligne, c'est formidable car on peut tout faire depuis son fauteuil chez soi. Et une fois qu'on a le nom des parents, on va sur un site de gĂ©nĂ©alogie, on tape le nom et on regarde si quelque chose sort. Aujourd'hui, il y a deux sites importants de gĂ©nĂ©alogie GĂ©nĂ©anet et Philae. je recommande aux gens de mettre son arbre gĂ©nĂ©alogique. Car on met Ă  disposition des informations, ce qui fait qu'il suffit de taper un nom pour reconstituer des choses. C'est passionnant on ne s'en lasse pas. Ça fait 25 ans que je fais de la gĂ©nĂ©alogie. J'ai pu retracer l'histoire de ma famille jusqu'au XIIe siĂšcle. Comment avez-vous procĂ©dĂ© avec l'histoire du poilu ?Effectivement. On a trouvĂ© le nom Soulagnes dans un arbre gĂ©nĂ©alogique sur le Net. C'Ă©tait bien lui car c'Ă©tait les mĂȘmes parents sur l'acte de naissance. Il Ă©tait lĂ  avec ses frĂšres et soeurs. Il n'avait pas de descendance donc il fallait chercher s'il y a avait des traces de frĂšres et soeurs et on a trouvĂ© la trace de l'une de ses soeurs dans l'arbre de monsieur Drouhot. Tout le monde n'a pas son arbre gĂ©nĂ©alogique sur internet. L'avantage avec Monsieur Drouhot, c'est qu'il a eu la curiositĂ© de faire des recherches et de mettre son arbre sur internet, donc on trouve son arriĂšre-grand-mĂšre, etc. Mais si les autres frĂšres et soeurs de Jean Soulagnes ont eu une descendance mais que cette descendance n'a pas Ă©tĂ© curieuse pour faire la gĂ©nĂ©alogie, on ne connaĂźtra pas les descendants. Quid du destinataire de la lettre, Jean Audiffen ?Pour Monsieur Audiffen, certains pensent avoir trouvĂ© qui il Ă©tait mais je crois qu'ils n'ont pas la certitude que c'Ă©tait le bon. En revanche, pour la fiancĂ©e, quelqu'un a trouvĂ© son nom dans l'avis de dĂ©cĂšs de Jean Soulagnes. Elle Ă©tait sur un arbre sur un internet et je suis allĂ©e voir son acte de mariage sur les archives dĂ©partementales. Elle s'est mariĂ©e en 1920. Le soldat est dĂ©cĂ©dĂ© en 1915. C'est passionnant de retracer ces pans d'histoire de France. Il est l’arriĂšre-petit-neveu du poiluStĂ©phane Drouhot est venu de CĂŽte d'Or avec sa femme et sa fille, Il parle d'un "lien invisible". D'un "sentiment Ă©trange" lors de ses passages Ă  Marseille pour les vacances. Sa mĂšre Arlette lui avait confiĂ© que ses lointains aĂŻeuls pouvaient ĂȘtre originaires de la rĂ©gion. Mais de sa CĂŽte d'Or natale, StĂ©phane Drouhot, 48 ans, n'aurait jamais imaginĂ© se retrouver aux Camoins pour recevoir des mains de la police nationale la lettre de son arriĂšre-grand-oncle dĂ©cĂ©dĂ© sur le front de la Somme. "Quand j'ai appris la nouvelle, je suis tombĂ© des nues", assure-t-il avec Ă©motion. Ce n'est pas la la suite de l'appel sur Twitter, une formidable chaĂźne de recherches s'est mise en place. En moins de deux jours, son nom est retrouvĂ© par les gĂ©nĂ©alogistes amateurs. "J'ai comptĂ©. J'ai reçu 236 mails pour me dire qu'une lettre avait Ă©tĂ© retrouvĂ©e", souligne avec Ă©tonnement le Bourguignon. Un par un, il leur rĂ©pond. Par tĂ©lĂ©phone, le major Louis lui confirme la nouvelle. Ses propres recherches permettent de construire son arbre gĂ©nĂ©alogique et de mieux comprendre sa propre d'une famille de quatre enfants, Jean Soulagnes avait une grande soeur prĂ©nommĂ©e Anita. Pendant la guerre, elle s'Ă©tait mariĂ©e avec un officier originaire de CĂŽte d'Or. VoilĂ  pour son ascendance directe mais il lui manque des Ă©lĂ©ments sur les descendants des frĂšres et soeurs du soldat. "Cela m'importe car eux aussi pourraient avoir un exemplaire de la lettre", relate StĂ©phane Drouhot. Pour sa part, le fac-similĂ© va rejoindre un mur de sa maison oĂč les diffĂ©rentes dĂ©corations de ses aĂŻeuls sont affichĂ©es. Ses propres recherches gĂ©nĂ©alogiques font Ă©tat d'un certain nombre de dĂ©corations militaires dans sa famille. "Au-delĂ  de cela, ce qui m'intĂ©resse vraiment, ce sont les petites histoires". Avec la lettre retrouvĂ©e du poilu, il en a une grande Ă  raconter.
Nousavons le plaisir de vous accompagner Ă  la dĂ©couverte d’un parcours unique dans le Varilhes d'antan, Ă  travers les seuls objets de mĂ©moire que nous ayons : des cartes postales des frĂšres Labouche, des Ă©diteurs Doumenc, APA et de nombreuses photographies nous relatent l'histoire urbaine Ă  travers ses rues, ses avenues, ses places, et nous laissent
Vous n’avez pas pu et ne pourrez pas y Ă©chapper, dans quelques jours, nous fĂȘterons le centenaire de l’armistice de 1918, un siĂšcle que cette boucherie atroce a cessĂ©, sans empĂȘcher, malheureusement, d’autres conflits d’apparaĂźtre ensuite, et d’augmenter encore le nombre des morts. Nous aurons droit, une fois encore, Ă  toutes ces images de tranchĂ©es, d’obus qui explosent, de gueules cassĂ©es, de sang et de larmes. Nous aurons droit Ă  ces commentaires lancinants, touchants, chargĂ©s de tristesse ou d’espoir
 Le seul moyen de survivre au milieu du chaos, de ne pas sombrer dans l’horreur de la mort, de l’odeur des cadavres, du froid, de la pluie, de la faim et de la peur, c’était de prendre un crayon et un feuillet de papier et de s’échapper, d’aller rejoindre par la pensĂ©e, Ă  l’autre bout du fil des mots, celle qu’on aimait. Oui, s’il existe un havre d’amour, c’est bien dans ces millions de lettres que tous ces hommes ont envoyĂ©es Ă  leur femme, leur mĂšre, leur sƓur ou leur fiancĂ©e. Émile Sauvage faisait partie de ceux-lĂ . NĂ© Ă  Caderousse puis habitant Ă  Sorgues, en Vaucluse, il a d’abord Ă©tĂ© ingĂ©nieur, ce qui Ă  30 ans passĂ©s, lui avait permis de voyager, au Maghreb, entre autres, de voir le monde, d’autres cultures. Il est parti comme beaucoup en aoĂ»t 1914, lui, c’était Ă  Avignon, pour un regroupement sur la cĂŽte, Ă  Beaulieu, ce qui lui fera dire Ă  sa femme Il ne me manque que toi, Clairette ! Si tu Ă©tais lĂ , nous tirerions deux fauteuils l’un contre l’autre et, bien moelleusement assis, nous causerions de toutes les jolies choses que nous aimons. » Émile Sauvage va, bien entendu, se rapprocher du front, doucement, car grĂące Ă  son Ăąge, il n’est pas en premiĂšre ligne dĂšs le dĂ©part. Cela lui laissera le temps d’envoyer 150 lettres Ă  Clairette, qu’il signera Ton Moumouye ». Il l’aidera Ă  gĂ©rer la ferme familiale, choisir les semailles Il ne faut pas semer des Ă©pinards dans l’aire, c’est une terre trop maigre. Le lĂ©gume ne fera rien. Il faut au contraire semer dans le jardin entre les lignes de millet et il faudra mettre beaucoup de fumier dans le jardin. », l’aider Ă  prĂ©parer sa grossesse. Il la plaindra, elle qui reste lĂ , Ă  tout faire seule, alors que pour lui
 tout va bien
 Je m’habille bien et n’ai pas froid. Nous sommes trĂšs bien nourris, la table est toujours garnie comme pour les jours de fĂȘte. ». Il minimisait le danger, se jouant des situations Ce vacarme inquiĂ©tait les Allemands qui envoyaient des fusĂ©es Ă©clairantes et nous avons assistĂ© Ă  un vĂ©ritable feu d’artifice. C’était trĂšs joli Ă  voir et pas dangereux du tout. » Il comparera les modes de cultures entre la Champagne et la Provence, ouvrant toujours ses mots vers un avenir meilleur, un aprĂšs
 Par-dessus tout, il lui Ă©crira des lettres d’amour, toutes plus tendres et enflammĂ©es les unes que les autres. Je suis fou, Clairette, fou de bonheur et d’espoir. Quelque chose chante dans mon cƓur. Il me semble que ta lĂšvre effleure la mienne, que ton corps glisse dans mes bras. » Alors, vois-tu, plus je vais et plus je suis amoureux de toi, et il me semble de ton cĂŽtĂ© que c’est la mĂȘme chose et que nous nous aimerons de plus en plus Ă  mesure que nous vieillirons. Est-ce que tu ne rĂȘves pas de moi quelquefois ? Il ne te semble pas la nuit que je suis Ă  cĂŽtĂ© de toi, que je te serre bien fort, que nos deux cƓurs se frĂŽlent. Je ne sais pas ce que je ferai pour te faire plaisir, ni quelle caresse je pourrai te donner pour te caresser plus encore. » Et quand il terminera ses lettres ainsi, on comprendra combien le lien d’amour est le seul qui les garde en vie et ne fait pas vaciller sa raison Quand tu m’écriras, dis-moi un peu des choses amoureuses et alors je prendrai ton portrait d’une main et ta lettre de l’autre et il me semblera que je te fais la cour. Maintenant je vais m’endormir en pensant Ă  toi, le joli rĂȘve que je vais faire ! Que de bĂ©cots je vais te faire toute la nuit ! Papa Moumouye. » Il y aurait tant Ă  dire sur ce recueil de lettres
 tant d’émotion, tant d’amour, tant de tendresse. Lorsque vous ouvrirez Lettres du Front, vous lirez Émile Sauvage sur la couverture. Peut-ĂȘtre qu’en le refermant, il sera devenu Émile, cet aĂŻeul que nous avons tous perdu dans les tranchĂ©es. Dominique Lin Lettres du Front, nouvelle Ă©dition augmentĂ©e 2018, collection MĂ©moires premiĂšres lettres en ligne, cliquer ici ISBN 978-2-911137-63-1 – 160 pages, format 210 X 240 mm Pour les plus jeunes, nous vous conseillons, dans la collection Ă©lan J, Grand-pĂšre Ă©tait dragon, de Denise DĂ©jean, illustrĂ© par Nathalie Desperches Boukhatem. RĂ©sumĂ© En arrivant en cours d’annĂ©e dans sa nouvelle Ă©cole, Jean est intimidĂ©. Il bĂ©gaie et les autres se moquent de lui. C’est en faisant un devoir donnĂ© par Babette, son institutrice, que l’enfant dĂ©couvre qu’un de ses arriĂšre-grands-pĂšres Ă©tait
 dragon. ISBN 978-2-911137-62-4. 32 pages quadri - 10 € Chronique prĂ©cĂ©dente Des pissenlits sur ma tombe, Jean-Philippe Chabrillangeas, Ă©d. Elan Sud
Lettretype : Lettre d'un poilu. Recherche parmi 274 000+ dissertations. Par MiKLOF ‱ 30 Septembre 2018 ‱ Lettre type ‱ 453 Mots (2 Pages) ‱ 386 Vues. Page 1 sur 2. 26 octobre 1916, Verdun. Chers parents, Je vous Ă©cris aujourd'hui sans la certitude de mon retour. A mon arrivĂ© dans les tranchĂ©es, on m'a armĂ©, moi un soldat de 1Ăšre
PubliĂ© le 14/12/2019 Ă  0930 Les lettres achetĂ©es par Manon ont Ă©tĂ© Ă©crites depuis le front par Joseph Avignon, lors de la PremiĂšre Guerre mondiale. Manon Hoarau INTERVIEW - À l’occasion d’un vide-greniers, Manon Hoarau a achetĂ© un paquet de missives Ă©crites depuis le front par un soldat Ă  son Ă©pouse. AprĂšs une longue enquĂȘte, la jeune femme a remis sa prĂ©cieuse trouvaille Ă  l’un des descendants du 24 ans, Manon Hoarau a la passion des brocantes. C’est dans l’une d’elles, Ă  Toulouse, qu’elle dĂ©couvre des lettres qu’un certain Joseph Avignon, mobilisĂ© lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, a Ă©crites Ă  son Ă©pouse depuis le front. TrĂšs vite, la jeune femme se met en tĂȘte de retrouver, aprĂšs plus d’un siĂšcle, la famille de ce poilu. Elle raconte l’enquĂȘte qu’elle a menĂ©e pour retrouver les descendants du soldat et leur restituer sa prĂ©cieuse trouvaille. Une longue recherche dont elle a tirĂ© un lire aussi Les belles lettres d’amour d’un poilu Ă  son Ă©pouse retrouvĂ©es dans un grenierLE FIGARO. - Comment tout a commencĂ©?Manon HOARAU. - Je frĂ©quente trĂšs souvent les vide-greniers. Un jour, sur celui de la place Saint-Aubin, Ă  Toulouse, j’ai vu une trĂšs grande malle avec beaucoup de papiers. Tout de suite, cela m’a tapĂ© dans l’Ɠil. Je me suis mise Ă  fouiller et je me suis aperçue qu’il y avait un ensemble de lettres qui semblaient Ă©crites par la mĂȘme personne. J’ai commencĂ© Ă  les rassembler et c’est Ă  ce moment-lĂ  que le brocanteur m’a interpellĂ©e. Il m’a dit qu’il s’agissait de lettres d’un poilu Ă  sa femme et qu’il en avaitlu quelques-unes par curiositĂ©. C’est un peu lui qui m’a poussĂ©e Ă  les acheter, il m’a trĂšs bien vendu la chose. J’ai passĂ© un bon moment Ă  toutes les rassembler pour ĂȘtre sĂ»re de ne pas en oublier et j’ai achetĂ© le lot. Une fois que j’ai fini de les lire, j’ai eu le sentiment que ces lettres ne m’appartenaient pas et quelles devaient revenir Ă  la famille » AprĂšs ça, j’ai dĂ» tout trier, elles Ă©taient dans le dĂ©sordre, certaines n’étaient pas dans les bonnes enveloppes. C’était un peu le chaos. En les classant, je les ai lues une premiĂšre fois. C’est ainsi que j’ai dĂ©couvert la vie de Joseph Avignon et toutes ses pĂ©ripĂ©ties. Une fois que j’ai fini de les lire, j’ai eu le sentiment que ces lettres ne m’appartenaient pas et qu’elles devaient revenir Ă  la famille. J’ai commencĂ© Ă  faire des recherches sur Valentine, la fille de Joseph, puisqu’il en parlait souvent dans ses lettres. J’ai demandĂ© Ă  la mairie oĂč elle Ă©tait nĂ©e son acte de mariage. Sauf que comme je n’étais pas de la famille et je n’ai pas pu avoir accĂšs Ă  la filiation. AprĂšs ça, je ne savais plus comment enquĂȘter donc j’ai arrĂȘtĂ© mes lettres de Joseph Avignon. Manon HoarauL’histoire a ensuite connu un second souffle. Lorsque j’ai rencontrĂ© Mehdi qui anime le compte YouTube Sylartichot, qui compte plus de abonnĂ©s, NDLR, nous avons parlĂ© de ces lettres. Il a trouvĂ© l’histoire gĂ©niale et m’a proposĂ© de m’offrir un relais, comme il bĂ©nĂ©ficie d’une communautĂ© - et donc d’une visibilitĂ© - que je n’aurais pas pu avoir. C’est comme cela que l’enquĂȘte s’est accĂ©lĂ©rĂ©e, grĂące Ă  qui vous a touchĂ©e dans ces lettres?Le cheminement de Joseph est particuliĂšrement touchant. Au dĂ©but, il est trĂšs optimiste et persuadĂ© de rentrer chaque semaine. Il protĂšge Ă©normĂ©ment sa femme, il lui dit que tout va bien, qu’il fait bon, qu’il ne manque de rien. Puis, cela change il se met Ă  Ă©crire qu’il rentrera le mois prochain, peut-ĂȘtre pendant l’étĂ©. Il perd de plus en plus espoir. Il y a une lettre oĂč tout bascule. Elle fait six ou sept pages. Il y raconte les journĂ©es de marche, les nuits dans les tranchĂ©es, les batailles, sa lassitude
 DĂšs lors, ses rĂ©cits sont extrĂȘmement violents. Il Ă©crit de façon trĂšs narrative et descriptive, ce qui donne l’impression de vivre avec lui tout ce qu’il a endurĂ©. À un jour prĂšs, il aurait pu rentrer chez lui » Comment avez-vous appris le dĂ©cĂšs de Joseph?J’ai dĂ©couvert assez vite qu’il Ă©tait mort Ă  la guerre. J’avais son livret avec un matricule, donc j’ai tout de suite fait des recherches sur le site du gouvernement afin de savoir s’il avait rĂ©chappĂ© Ă  la Grande Guerre. C’est lorsque j’ai lu la derniĂšre lettre que j’ai compris qu’il Ă©tait mort le jour oĂč il devait rentrer en permission. Il a Ă©chappĂ© Ă  la mort Ă  de nombreuses reprises. À un jour prĂšs, il aurait pu rentrer chez lettre de Joseph Avignon. Manon HoarauL’enquĂȘte a Ă©tĂ© longue pour retrouver les descendants...L’enquĂȘte s’est certes Ă©talĂ©e sur deux ans, mais elle a finalement Ă©tĂ© trĂšs rapide. De mon cĂŽtĂ©, j’avais dĂ©couvert que sa fille Valentine n’avait pas de descendance directe. Je m’étais arrĂȘtĂ©e lĂ . Mes recherches ont Ă©tĂ© mises en pause jusqu’à ce que nous dĂ©cidions de lancer un appel sur Twitter avec Sylartichot. Nous avons publiĂ© le message autour du 20 septembre. Moins d’une semaine aprĂšs, nous avions retrouvĂ© Alain, le descendant. En trois jours, nous avions son nom. Je l’ai ensuite appelĂ© plusieurs fois pour lui demander s’il voulait rĂ©cupĂ©rer les lettres. Une semaine aprĂšs, j’étais Ă  avez ensuite Ă©laborĂ© un documentaire sur cette enquĂȘte...Oui. Il Ă©voque Ă  la fois l’histoire du soldat mais aussi ma quĂȘte de ses descendants.» VIDÉO - Le documentaire de Sylartichot et Manon HoarauDans quel Ă©tat d’esprit Ă©tiez-vous lors de l’enquĂȘte?Pendant deux ans, il ne s’est rien passĂ© donc j’ai laissĂ© tomber mĂȘme si j’avais trĂšs envie de rendre les lettres. J’avais baissĂ© les bras, au point que j’ai pensĂ© donner les lettres Ă  un musĂ©e ou Ă  des archives pour qu’elles puissent ĂȘtre conservĂ©es. Mais au moment oĂč nous avons relancĂ© l’enquĂȘte, tout s’est passĂ© trĂšs vite. Il y a eu un tel engouement, le nombre de partages a dĂ©collĂ© tellement vite que je me suis dit que ça allait lire aussiLes lettres de poilus du Figaro 1914-1916Qu’avez-vous ressenti lors de la remise des lettres au descendant de Joseph?Tellement d’émotions! Nous avons beaucoup parlĂ©, nous sommes restĂ©s ensemble pendant plus d’une heure. C’était intĂ©ressant pour lui de comprendre comment j’avais eu ces lettres. Alain, le descendant, Ă©tait le petit-fils de la demi-sƓur du soldat. Il avait trĂšs bien connu sa grand-mĂšre. Il avait mĂȘme vĂ©cu avec elle. Mais aussi Ă©trange que cela puisse paraĂźtre, elle ne lui avait jamais parlĂ© de Joseph...
Dislui que son pĂšre est tombĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mĂ©moire des poilus fusillĂ©s pour l’exemple est rĂ©habilitĂ©e, mais je n’y crois guĂšre, alors seulement, et
Lettres d’un poilu de CouffĂ© souvenir de la guerre 14-18 Seules quelques familles ont eut la chance de retrouver les lettres que leur aĂŻeul envoyait du front. Dans ces lettres se trouvent toute la vie et les pensĂ©es qu’un poilu avait dans les tranchĂ©es. L’écriture Ă©tait pour eux un rĂ©confort, je suis content que tu m’écris c’est la seule consolation » lettre du 1er mars 1915, cela leur permettait de garder contact avec leur famille et d’avoir des nouvelles autres que celles du front. Louis fut l’un de ces soldats perdu dans la multitude de ceux qui survivaient sur le champ de bataille. Louis a 33 ans quand la guerre Ă©clate en 1914. Il est originaire de CouffĂ©, une petite commune de Loire Atlantique, non loin d’Ancenis. Il y habite avec sa femme Louise et ses enfants Louis et Marie-Louise. Le 14 novembre 1902, ce jeune homme de 20 ans, encore cĂ©libataire, quitte ses parents pour aller faire son service militaire au sein du 28Ăšme RĂ©giment d’Artillerie de Rennes comme 2Ăšme canonnier servant soldat affectĂ© Ă  une piĂšce d’artillerie. Il y restera un an avant d’ĂȘtre dĂ©mobilisĂ© et de retourner Ă  CouffĂ©. Le CET des pluches les Ă©plucheurs de patates Ă  l’armĂ©e, collection privĂ©e Quelques annĂ©es plus tard, en 1910, il Ă©pousa Louise dont il aura 2 enfants, Louis en 1911 et Marie Louise en 1913. Presqu’un an aprĂšs la naissance de sa fille la guerre Ă©clata et il fut appelĂ© sous les drapeaux comme des millions d’autres hommes qu’ils soient français, britanniques, allemands
 quand il reviendra ses enfants auront bien grandi. ____________________________________________________________ La guerre est dĂ©clarĂ©e Le 28 juin 1914 l’archiduc François Ferdinand, hĂ©ritier du trĂŽne d’Autriche-Hongrie, est assassinĂ© avec sa femme Ă  Sarajevo. Cet Ă©vĂ©nement dĂ©clenchera, le 3 aoĂ»t 1914, un conflit mondial qui durera 5 ans opposant deux camps, la Triple Entente France, Royaume-Uni, Russie et la Triple Alliance Allemagne, Empire austro-hongrois, Italie. DĂ©clarations de guerre en 1914 L'Autriche Ă  la Serbie le 28 juillet, Ă  la Russie le 5 aoĂ»t. L'Allemagne Ă  la Russie le 1er aoĂ»t, Ă  la France le 3 aoĂ»t, Ă  la Belgique le 4 aoĂ»t. Le Royaume-Uni Ă  l'Allemagne, le 4 aoĂ»t, Ă  l'Autriche le 13 aoĂ»t. Le Japon Ă  l'Allemagne le 23 aoĂ»t. La France et le Royaume-Uni Ă  la Turquie le 3 novembre. ____________________________________________________________ Le 1er aoĂ»t 1914, l’ordre de mobilisation est donnĂ©e en France, Louis reçoit le sien, ainsi il part laissant femme et enfants comme des millions d’autres. Il part muni de son livret militaire dans lequel se trouvait son fascicule de mobilisation. C'est grĂące Ă  ce document de 4 pages que chaque homme savait exactement quoi faire une fois la mobilisation dĂ©crĂ©tĂ©e. Il existait 5 couleurs de fascicule suivant le mode de transport ou le type d’affectation, Louis, prenant le chemin de fer dut en recevoir un rose. L’acheminement des soldats vers leur base de cantonnement se fit par le biais du chemin de fer ou Ă  pied, millions de rĂ©servistes vont dire adieu Ă  leur famille ne sachant quand ils les reverront. Ils partent avec le sentiment d’avoir Ă  dĂ©fendre leur pays et que la guerre sera courte. Le consentement de la population rĂ©pond Ă  la menace qui pĂšse sur la patrie, sur le sol français et sur les familles. Dans une armĂ©e composĂ©e de jeunes soldats et d’un grand nombre d'hommes mariĂ©s et pĂšres de famille, la dĂ©fense et la protection des siens », revĂȘtent une importance capitale. Archives nationales française Louis est d’abord incorporĂ© Ă  l’artillerie divisionnaire puis au 2Ăšme RĂ©giment d’Artillerie Coloniale 2Ăšme RAC et convoquĂ© le 4 aoĂ»t Ă  Brest, notamment au fort de l’Ile Longue d’oĂč il Ă©crit Ă  Louise. Il y dĂ©crit les nombreux militaires qui sont cantonnĂ©s Ă  Brest et qu’il voit les navires cuirassers, les contre-torpilleurs, les torpilleurs, les bateaux hĂŽpitalles ». Certains soldats n’ont pu se rĂ©soudre Ă  abandonner leur famille, un sergent d’infanterie qui est avec nous il a amenĂ© sa femme et ses deux enfants », un autre qui venait avec un enfant de 10 mois dans ses bras qu’il a remis a l’hĂŽpital et il a laissĂ© sa femme morte Ă  la maison » l’on en voit de toutes les couleurs, chacun raconte ses misĂšres » lettre du 22 juillet 1914. ____________________________________________________________ Le Port de Brest Pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, le port de Brest, loin du front, voit dĂ©barquer de nombreuses troupes Ă©trangĂšres russes, portugaises, amĂ©ricaines
 qui rejoignent les lieux de combats. Le pays de Brest accueille les premiĂšres bases aĂ©ronavales avec les dĂ©buts de l'aviation militaire. Troupes britanniques 1914 Troupes portugaises 1917 L’Ile Longue Elle se situe dans la rade de Brest sur la commune du Crozon et accueillera Ă  partir d’octobre 1914 un camp de prisonniers. Y seront enfermĂ©s essentiellement des intellectuels et artistes allemands, autrichiens, hongrois, alsaciens et lorrains. Les derniers prisonniers partiront en dĂ©cembre 1919. Construction du camp sur l’ile 1914 ____________________________________________________________ Au cours de son sĂ©jour Ă  Brest, Louis passe probablement de l’artillerie divisionnaire Ă  la 22Ăšme Batterie d’artillerie Ă  pied du 2Ăšme RAC mais cela ne reste qu’une hypothĂšse toute fois les dates de garnison correspondent. Il restera en cantonnement dans la ville jusqu’au 27 aoĂ»t 1914 oĂč il est dirigĂ© vers le Havre, autre grand port en France qui verra dĂ©barquer les troupes alliĂ©es afin d’alimenter le front en hommes, je te disais qu’on en voit du monde, toujours ils arrivent des anglais, nous travaillons avec les amĂ©ricains ils sont aprĂšs leurs autos. » Lettre du 1er septembre 1914. Il y restera jusqu’au 1er juin 1915, date Ă  laquelle il partira pour le front. Durant toute la durĂ©e qu’il est au Havre il Ă©crit quotidiennement ou presque Ă  sa femme afin de lui dĂ©peindre ses journĂ©es Ă  l’arriĂšre du front. Durant son sĂ©jour au Havre il ne semble pas passer son temps Ă  nettoyer les autos » il travaille dans les champs et sur des chantiers et oui il faut bien remplacer tous ceux qui sont partis se battre et donc les fermes avoisinant la ville font la demande de soldats pour les aider. De plus il faut aussi travailler la terre pour pouvoir nourrir l’armĂ©e aujourd’hui arrivant de notre chantier je t’envoie cette carte pour te dire que le travail est assez plaisant, l’on trouve le temps moins long qu’à la ferme oĂč nous Ă©tions ». Lettre du 1er septembre 1914. Pour le travail qu’il effectua Ă  la ferme le patron nous a dit qu’il nous donnerai 30 sous par jour c’est mieux que de gagner 1 sous » lettre du 30 mars 1915 Le peu d’argent qu’il gagne lui sert pour ses frais courants ce qui Ă©vite Ă  Louise de lui en envoyer. En plus d’accueillir les troupes fraiches, la ville devient un grand hĂŽpital pour les blessĂ©s qui ne cessent d’arriver. Les Ă©coles au Havre et aux alentours, Rouen et bien d’autres villes les plus rapprochĂ©s des opĂ©rations vont ĂȘtre Ă©vacuĂ©s pour ĂȘtre transformer en hĂŽpital. Le GĂ©nĂ©ral Joffre demande cent milles lits de prĂȘts pour le 15 mars pour recevoir les blessĂ©s probables qu’il s’attend avoir, fort coup ça va ĂȘtre terrible pour qu’il s’attend Ă  cent mille blessĂ©s il faut compter autant de morts que de familles en deuil. Quand on y pense ça donne Ă  rĂ©flĂ©chir, ceux qui vont se trouver en premiĂšre ligne vont prendre quelque chose. On veut soit disant prendre l’offensive, ça veut dire les dĂ©loger de leur tranchĂ©es, je suis encore heureux d’ĂȘtre dans ce rĂ©giment
 » Lettre du 1er mars 1915. Les hommes qui reviendront chez eux ne le seront pas toujours indemne, nombreux seront ceux qui reviendront mutilĂ©s. Dans sa lettre du 10 mai 1915 il parle du frĂšre d’un de ses camarades qui avait deux jambes de coupĂ©s et tu crois que ce n’est pas trop triste vaudrait mieux la mort ce ne serait pas plus triste et combien d’autre, partout c’est la misĂšre chacun en a sa part. L’autre jour on en a dĂ©corĂ© un qui avait un bras et une jambe couper et un Ɠil d’arracher
 » En plus d’accueillir des hommes, le port voit arriver du matĂ©riel notamment venus d’AmĂ©rique, nous travaillons toujours Ă  nos autos, il en vient tous les jours d’AmĂ©rique. »Lettre du 29 dĂ©cembre 1914 Source privĂ©e Le temps oĂč Louis travaillait dans les champs prĂȘt du Havre est dĂ©sormais rĂ©volu, le 1er juin 1915 il est affectĂ© Ă  l’armĂ©e active et part donc pour le front. Sa batterie est dirigĂ©e en cantonnement vers Belfort, Ă  30km de la ligne de front. ____________________________________________________________ Belfort DĂšs le 3 aoĂ»t 1914, Belfort, situĂ© Ă  30km du front, est mis en Ă©tat de siĂšge et la ville passe donc sous le contrĂŽle de l’armĂ©e. DĂšs lors la population est Ă©vacuĂ©e de la ville Ă  l’exception de certains hommes. 20 Ă  25 000 personnes sont contraintes de partir, elles ne pourront revenir qu’à partir du 15 aoĂ»t 1915, Ă©poque Ă  laquelle Louis y est stationnĂ©. Évacuation de Belfort en 1914 Durant toute la guerre une garnison de 70 000 hommes environ vivront sur le dos de la population, l’armĂ©e rĂ©quisitionnant nourriture, chevaux, ferme, matĂ©riel
 De 1914 Ă  1915 se trouvera entre autre stationnĂ© Ă  Belfort des troupes de rĂ©serve ou en repos comme le 235Ăšme, 242Ăšme, 371Ăšme, 372Ăšme, 35Ăšme, 42Ăšme, 171Ăšme, et 172Ăšme RĂ©giment d’Infanterie, la 28Ăšme Brigade d’Infanterie, une partie du 2Ăšme RĂ©giment d’Artillerie dont la batterie de Louis et la 11Ăšme Dragons de la cavalerie. Étant juste Ă  l’arriĂšre des lignes, la ville, en plus de l’armĂ©e de cantonnement voit arriver de nombreux blessĂ©s qui seront en partie soignĂ©s sur place. Les soldats n’ont que peu de mĂ©dicaments pour se soigner sur place. Parmi ces blessĂ©s certains repartiront sur le front et d’autres plus gravement atteint seront Ă©vacuĂ©s vers des hĂŽpitaux. C’est ainsi que les rues seront envahies d’ambulances dĂ©chargeant et chargeant des blessĂ©s et faisant sans cesse des allers-retours entre le front et l’arriĂšre. Cette guerre sera une vĂ©ritable boucherie ». DĂšs le dĂ©but du conflit le nombre des blessĂ©s est impressionnant que l'on ne peut tous les soigner. Ils Ă©taient triĂ©s et les mĂ©decins s'occupaient d'abord de ceux qui pouvaient retourner au combat avant de prendre en charge les blessĂ©s plus important. Les mutilĂ©s furent nombreux, on les surnomma les gueules cassĂ©es » l'usage d'armes comme les shrapnels obus Ă  balles ou les obus Ă  haut pouvoir explosif provoqua des dĂ©gĂąts considĂ©rables sur les corps humains. Jamais, comme pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, les hommes revenus vivants n'ont Ă©tĂ© aussi abĂźmĂ©s. À leur retour chez eux, il leur a fallu affronter le regard des civils. Les gueules cassĂ©es ont le plus souvent Ă©tĂ© des objets de dĂ©goĂ»t, malgrĂ© les premiers progrĂšs de la chirurgie rĂ©paratrice. En plus des mĂ©decins il y avait de nombreuses infirmiĂšres, religieuses ou civils, qui prenaient soin des malades ou qui accompagnaient les derniers moments de vie d’un soldat. La dĂ©lĂ©gation des Gueules cassĂ©es Ă  Versailles, le 28 juin 1919 Historial de la Grande Guerre de PĂ©ronne Le personnel infirmier de l'hĂŽpital auxiliaire n°105 de Belfort Coll. MusĂ©e du service de santĂ© des armĂ©es, DR. HĂŽpital français 1914-1918 NĂ©cessaire mĂ©dical d’un soldat NĂ©cessaire mĂ©dical d’un soldat ____________________________________________________________ À la diffĂ©rence du Havre, Ă  Belfort Louis ne travaille pas dans une ferme, l’ambiance Ă  changer il doit dĂ©sormais s’entrainer pour le combat, Ă  tous moments il peut ĂȘtre envoyĂ© se battre. Alors tous les jours l’on fait la manƓuvre de canons de toutes les sortes. Il y en a de 10 sortes, ce n’est pas facile de se rappeler de tout ça. » lettre du 29 juillet 1915 nous travaillons de demi Ă  demi, les soirs la moitiĂ© d’entre nous un soir et l’autre le soir d’aprĂšs jusqu’à temps que tout le matĂ©riel soit arrivĂ©, c’est bien du travail que de faire une guerre comme ça. La journĂ©e a Ă©tĂ© assez calme, aujourd’hui les avions nous ont pas beaucoup dĂ©ranger. Hier soir il y a un avion français qui a partie faire sa visite sur les lignes allemandes. L’on le voyait faire sa manƓuvre, quand ils l’on aperçut les pruneaux ne manquant pas alentours de lui mais il n’avait pas peur. L’on le voyait encadrĂ© dans les coups de canons mais pour se moquer d’eux il faisait des tours et demi tour comme pour le dire tirer toujours vous ne me tenez pas malgrĂ© la vive cannonade. Il a fait son parcours et il n’a rien attrappĂ© , c’est assez difficile a attrappĂ©, on dit que celui lĂ  c’est un aviateur trĂšs calé  » lettre du 13 aoĂ»t 1915 Ce que Louis dĂ©crit Ă  sa femme sont les dĂ©but de l’aviation dans la guerre, il se peut que les exploits de cet aviateur soient ceux d’un pilote cĂ©lĂšbre stationnĂ© Ă  la mĂȘme pĂ©riode Ă  Belfort, Adolphe PĂ©goud qui sera tuĂ© lors d’un duel aĂ©rien au dessus de Petit Croix le 31 aoĂ»t 1915 soit juste quelques semaines aprĂšs cette lettre. Au dĂ©but utilisĂ© pour des missions de reconnaissance les avions furent rapidement utilisĂ©s pour bombarder et pour les duels aĂ©riens. Si avant la guerre ils n’étaient pas encore au point pour le combat, les avancĂ©s durant ses 5 ans seront trĂšs rapides au point d’en faire un atout indispensable Ă  la fin de la guerre. Artillerie en 1914-1918 Canon de 75 ModĂšle 1897 Canon de 120 L ModĂšle 1878 Canon de 138 mm ModĂšle 1910 Obusier court de 155 mm Ă  tir rapide Rimailho » Canon de 155mm GPF Canon de 155 C modĂšle 1917 Schneider Canon de 155 L ModĂšle 1877 Canon de 240 ModĂšle 1884 Mortier de 220 ModĂšle 1880 Mortier de 270 ModĂšle 1885 À partir du mois de septembre plus aucune mention du lieu oĂč Louis se trouve n’apparait sur ses lettres, il semblerait qu’à partir de cette pĂ©riode il ait rejoint, avec sa batterie, la rĂ©gion de Pontavert dans l’Aisne. À prĂ©sent l’on va en marche tous les jours. Tous les matins de 6h Ă  1h et l’aprĂšs-midi on nous emplois Ă  faire des corvĂ©es des revus dans une maniĂšre on n’est guĂšre plus tranquille qu’au front mais on est tout de mĂȘme mieux. » lettre du 23 octobre 1915 Cela ne fait qu’un an que les hommes sont partis de chez eux et leur moral n’est pas des plus heureux mentionne quelques fois Louis. Quand donc que le beau jour de la paix arrivera. Je t’assure que ce jour est rĂ©clamer souvent car on commence Ă  en avoir assez de ce triste mĂ©tier. » lettre du 23 octobre 1915 D’autres ont peur de devoir partir se battre Pierre il me dit qu’il a la frousse de partir au front » lettre du 29 dĂ©cembre 1914. Ces hommes qui doivent partir se battre savent parfaitement que le champ de bataille est un lieu oĂč ils risquent, dans le meilleur des cas, de revenir blessĂ© voir mĂȘme mutilĂ© pour certain et dans le pire des cas ils y mourront. Certain tenteront mĂȘme de dĂ©serter, quand ils seront rattrapĂ©s ils seront jugĂ©s soit Ă  une peine de prison soit Ă  servir d’exemple et ĂȘtre fusillĂ©, on parle alors des fusillĂ©s pour l’exemple ». Dans bien des cas ces soldats ne seront coupables que d’avoir eu peur de mourir sur le champ de bataille. Aujourd’hui il en a Ă©tĂ© condamnĂ© un pour 5 ans, il avait dĂ©sertĂ©. Il est de notre batterie et en dĂ©sertant il s’est fait arrĂȘter par une sentinelle a peut ĂȘtre 4km d’oĂč nous sommes. Il lui on demandĂ© le mot et il cherchait Ă  se sauver la sentinelle a tirĂ© dessus, la balle l’a attrapĂ© dans le dos, il s’est baissĂ© au coup et la balle lui a frangĂ© les reins, sa veste et sa chemise, il n’y au que la peau de frangĂ©e
 On nous a lu sa condamnation, il y avait 4 batteries en armes et lui Ă  passer devant nous pour montrer l’exemple, on en voit de toutes les maniĂšres, ensuite les gendarmes l’ont pris et l’ont emmenĂ© oĂč je n’en sais rien, il n’y a pas Ă  faire le rebelle. » lettre du 10 juin 1916 Au total se sera 953 soldats français qui seront fusillĂ©s entre 1914 et 1918, dont 639 pour dĂ©sobĂ©issance militaire, 140 pour des faits de droit commun, 127 pour espionnage et 47 pour motifs inconnus. Le Monde, 27 octobre 2014, "Le nombre des fusillĂ©s de la Grande Guerre est revu Ă  la hausse" Poilus, collection privĂ©e En ce dĂ©but 1916 le front ne bouge pas dans le coin oĂč se trouve Louis l’on est toujours au mĂȘme point ça n’avance ni ça recule. Je ne comprends rien dans une guerre comme ça, aussi avec des fortifications comme l’on fait ce n’est pas facile des 2 cotĂ©s de bouger de place. » lettre du 4 janvier 1916. Le temps est long pour les soldats vivant dans les tranchĂ©s, nous faisons toujours le mĂȘme travail » lettre du 13 janvier 1916. Afin de passer le temps ces hommes fabriquent divers objets avec ce qu’ils ont sous la main du bois, des cartouches d’artillerie
 Parmi les objets que Louis fabriquera on aura des boutons en plomb qui devaient manquer Ă  ses vĂȘtements, une bague pour sa femme ou encore 2 croix qu’il enverra Ă  sa femme pour ses enfants. Je t’envoie un petit colis ou sont les petites croix. Elles sont dans une petite boite d’allumette et j’ai mis un journal a les enveloppĂ©es et j’ai cousu ça. Il y en a une qui est un peu plus grande que l’autre tu la donneras Ă  Louis. Je les ai percĂ©e tu pourras leur mettre une petite chaine si tu en trouve. J’ai envi de te faire une autre bague car celles que tu as ne sont pas trĂšs belles. » lettre du 17 avril 1916 Boutons en plomb fabriquĂ©s par un poilu Croix fabriquĂ©es par un poilu en 1916 Le 6 mars 1916, Louis a changĂ© de lieu de cantonnement il est alors basĂ© dans une batterie sur le front. Je suis toujours a gardĂ© ma batterie, c’est toujours la mĂȘme chose
 Il tombe tous les jours un peu de neige, nous sommes encore pas trop mal dans notre souterrain, les rats ne manquent pas trop ils nous mangent tout. » lettre du 6 mars 1916 La vie dans les tranchĂ©es est dure et encore plus en hiver. En plus des rats qui mangeaient les maigres provisions des soldats s’ajoutait les poux, la faim, la boue qui s’infiltrait partout et l’odeur des cadavres que l’on n’avait pu enterrĂ©s. En juin le voilĂ  Ă  surveiller un bois mais la bataille fait rage, dĂ©fense de quitter le bois » lettre du 1er juin 1916, il fait de longue garde afin de surveiller l’ennemi. Toute fois au vue de ce qu’il Ă©crit il ne doit pas se trouver au cƓur de la bataille. Au cours de ce mois il est affectĂ© Ă  la construction de batteries qui ne servent parfois que 3 ou 4 jours » et qui peuvent atteindre plus de 200m pour 8 piĂšces d’artillerie et d’un souterrain Ă  3m en terre de profondeur, il y en a du travail Ă  creuser et ce boyau fait 20m de long, nous en avons 4 ou 5 Ă  faire comme ça et l’on peut en faire 2 Ă  3m par jour
 » lettre du 19 juin 1916. Construction d'une batterie les rondins sont placĂ©s dessus et dessous dans l'ondulation des tĂŽles pour une meilleure protection [photographie de presse] / Agence Meurisse, BNF Durant l’hiver 1916-1917 le temps est froid, humide et pluvieux, les soldats ont de la boue jusqu’aux genoux
 nous ne ressemblons qu’à de la boue » lettre du 24 fĂ©vrier 1917, le matĂ©riel s’enlise et parfois ils en perdent lors de leur dĂ©placement, la pluie et la neige rendant les routes et chemins impraticables. La neige tombĂ©e durant cet hiver lĂ  bloquera jusqu’à l’utilisation du matĂ©riel hier matin nos piĂšces ne paraissaient plus dans la neige car le vent l’avait emportĂ©e dans les trous et tout Ă©tait plein
 » lettre du 9 mars 1917 Sans parler du brouillard qui empĂȘche la visibilitĂ© on ne voyait rien seulement Ă  500m devant soi » lettre du 9 mars 1917 D’ici la fin de la guerre Louis changera probablement de lieu et construira certainement encore des batteries. Durant tout le conflit Louis aura la chance, dans la majoritĂ© des cas, d’ĂȘtre envoyĂ© dans des zones de combats plus ou moins calme ou Ă  l’arriĂšre de la premiĂšre ligne. Son mĂ©tier semblait consister pour une grande partie Ă  creuser des batteries et des souterrains. Contrairement Ă  d’autre il aura la chance de revenir vivant de cet enfer, sans blessure mais non sans un certain traumatisme des horreurs qu’il aura pu voir pendant ces 5 annĂ©es de guerre. ____________________________________________________________ Enfin la guerre est finie Le 11 novembre 1918 la guerre prend fin, l’armistice est enfin signĂ©e. Les combats cesseront Ă  11h et pourtant des hommes continus Ă  mourir sur le champ de bataille ou dans les hĂŽpitaux, on estime Ă  environ 500 000 le nombre de soldats morts aprĂšs la guerre des suites de blessures ou de maladie. Au cours de ce conflit plus de 9 millions d’hommes, femmes et enfants mourront sans distinction de nationalitĂ©, de sexe ou d’ñge soit, en autre, million de français, million d’allemands, 850 000 anglais, 114 000 amĂ©ricains, million de russes et million d’autrichiens et hongrois
 En plus des morts, en Europe, au lendemain de la guerre, on compte environ 6,5 millions d’invalides, dont prĂšs de 300 000 mutilĂ©s Ă  100 % aveugles, amputĂ©s d'une ou des deux jambes, des bras, et blessĂ©s de la face et/ou du crĂąne. L'emploi massif des tirs d'artillerie, des bombes, des grenades, associĂ© au phĂ©nomĂšne des tranchĂ©es oĂč la tĂȘte se trouve souvent la partie du corps la plus exposĂ©e ont multipliĂ© le nombre des blessĂ©s de la face et explique la gravitĂ© des blessures. Les progrĂšs de l'asepsie et les balbutiements de la chirurgie rĂ©paratrice permettront de maintenir en vie des blessĂ©s qui n'avaient aucune chance de survivre lors des conflits du 19Ăšme siĂšcle. ____________________________________________________________ Enfin le 15 fĂ©vrier 1919 Louis est mis en congĂ© illimitĂ© de dĂ©mobilisation et rattachĂ© comme 3Ăšme Ă©chelon au n°44 dĂ©pĂŽt dĂ©mobilisateur de la 51Ăšme artillerie. N’étant pas libĂ©rĂ© de l’armĂ©e il est affectĂ© au 1er RĂ©giment d’Artillerie Coloniale le 10 aoĂ»t 1921 puis au 111Ăšme RĂ©giment d’Artillerie Coloniale le 1er mars 1924. Il faudra attendre le 10 novembre 1930 pour qu’il soit libĂ©rĂ© de l’armĂ©e et rendu entiĂšrement Ă  la vie civile. ____________________________________________________________ Le 2Ăšme RĂ©giment d’Artillerie Coloniale 22Ăšme Batterie Ă  pied - Du 6 au 28 aoĂ»t 1914 Brest - Du 28 aoĂ»t 1914 au 12 juin 1915 Havre - Du 14 juin 1915 au 17 aoĂ»t 1915 Belfort - Du 20 septembre 1915 au 23 fĂ©vrier 1916 L’Aisne, rĂ©gion de Pontavert puis du Bois de Beaumarais - Du 25 fĂ©vrier au 29 juillet 1916 Verdun - Du 29 juillet au 30 dĂ©cembre 1916 dĂ©pĂŽt d’artillerie lourde Ă  Lempire au Bois - Du 5 au 14 janvier 1917 Chapelle de Cormigny - Du 17 janvier au 19 avril 1917 Soissons - Du 20 avril au 24 novembre 1917 Ailette - Le 23 octobre 1917 attaque de Malmaison - Le 21 dĂ©cembre 1917 Coucy le ChĂąteau - Du 21 dĂ©cembre 1917 au 27 fĂ©vrier 1918 le Chemin des Dames - Du 10 juin au 31 juillet 1918 2Ăšme bataille de la Marne - Du 31 juillet au 11 novembre 1918 Bar sur Seine ____________________________________________________________ Tout au long de la guerre Louis ne cessera de prendre des nouvelles de sa famille et d’écrire Ă  sa femme comme Ă  sa mĂšre, son frĂšre, son oncle ou des compagnons Ă©parpillĂ©s sur la ligne de front. Pourtant toutes ses lettres n’arriveront pas Ă  leur destinataire soit parce qu’elles se perdront et d’autres seront confisquĂ©es par la censure tu me dis que tu ne les reçois pas toutes. Je t’ai pourtant Ă©cris le 8 et le 9 puisque je t’écris tous les jours mais il ne faut pas mettre grand-chose pour qu’elles n’aillent pas » lettre du 23 octobre 1915. Dans ses nombreuses lettres on lit toute l’inquiĂ©tude qu’il a pour sa famille, du travail dure que sa femme doit avoir aux champs, il semble se sentir coupable de ne pas ĂȘtre lĂ  pour l’aider. tu me diras si les petits ont bon appĂ©tit et toi tu ne doit pas manquer de mal de tĂšte avec tout ça mais soit tranquille Ă  mon sujet car je suis trĂšs bien pour le moment. » lettre du 19 juillet 1915 Il sait que les hommes et les domestiques sont devenus moins nombreux, dans une lettre du 29 dĂ©cembre 1914 il lui dit il ne faut pas trop le maltraiter, au contraire lui donner courage sar s’il nous laissait en plant que ferais tu. Tu sais que les domestiques sont rares
 ». Parrain va ĂȘtre bien embĂȘtĂ© s’il n’a point de valet, il ne doit guĂšre en avoir Ă  gagĂ© dans le pays » lettre du 13 janvier 1916. Depuis le dĂ©but des hostilitĂ©s l’arriĂšre s’est organisĂ© pour soutenir au mieux les hommes partis se battre. Les femmes ont du remplacer les hommes dans bien des domaines comme les usines, les fermes, les commerces, l’administration
 il faut bien ramener de l’argent pour nourrir la famille. Quand les hommes rentreront elles abandonneront leur libertĂ© pour retourner Ă  leur vie de femme au foyer comme si la guerre n’avait jamais existĂ©. Femmes travaillant dans une industrie de munitions durant la premiĂšre guerre mondiale, MusĂ©e ImpĂ©rial de la Guerre, Londres Il n’a, comme bien d’autres, que les photos pour se souvenir d’eux et supporter cette guerre. Hier soir j’ai reçu tes photographies, ça m’a fait quelque chose quand je vous vois, faut pourtant pas compter se voir tout de suite car malheureusement cette guerre n’est pas fini Ă  voir tout ça. » lettre du 30 mars 1915 Il n’y a seulement pas une minute dans le jour que je ne songe pas Ă  vous tous. » lettre du 29 mai 1916 Les quelques photos qu’ils emmĂšnent ou que leur famille leur envoie sont un moyen de ne pas oublier leur visage. Les hommes qui partent ne laissant derriĂšre eux personne Ă  qui Ă©crire ou ceux coupĂ©s de tous liens avec leurs proches pour divers raisons pourront trouver en la personne de la marraine de guerre quelqu’un Ă  qui Ă©crire et se confier. Ces femmes leur apporteront un grand soutien, elles pourront mĂȘme leur envoyer des colis et Ă  partir de 1916 les recevoir en permission, de ces Ă©changes naitront de vrai liens affectifs dont certains se solderont par un mariage aprĂšs la guerre. Afin de rassurer Louise il prĂ©cisera souvent qu’il est en bonne santĂ© », qu’il ne l’oubliera jamais et qu’il l’a dĂ©sire ». Mais toutes les familles ne reçoivent pas forcĂ©ment des nouvelles rĂ©guliĂšres, certaines sont des semaines voir des mois sans nouvelles et un jour une lettre arrive de nouveau mais dans d’autres cas c’est un acte de dĂ©cĂšs que les familles reçoivent. Il y a un frĂšre de un de mes camarades qui a Ă©tĂ© 3 mois sans Ă©crire, il le croyait aussi eux mort et il a Ă©crit l’autre jour, il y en a plusieurs comme ça
 » lettre du 30 mars 1915 La mĂšre de Louis est sans nouvelles de son autre fils Pierre, elle doit ĂȘtre bien en chagrin
 mais faut pas se dĂ©sespĂ©rer avant de voir peut ĂȘtre qu’il est prisonnier ou qu’il ne peut pas Ă©crire, il y en a bien d’autre que sont plus longtemps sans nouvelles et qui en reçoivent
 » lettre du 31 mars 2015 Mais Pierre ne reviendra pas du front il sera tuĂ© en mars 1915 Ă  Mesnil les Hurlus Ă  l’ñge de 27 ans. Pour les soldats le temps se fait long, leur famille leur manque tous les jours et les permissions sont rares. Louis n’en aura pas beaucoup durant les 4 ans qu’il sera parti, il en parle rĂ©guliĂšrement dans ses lettres. Si j’avais eu seulement 4 jours de permission j’aurais pu en couper un peu. Je ne suis pas prĂȘt d’y aller 
 mais on dit que les premiers vont partir mercredi prochain 4 aoĂ»t, il doit en partir 3 tous les jours ça n’ira pas vite sur 300 qu’on est dans la batterie
 Voila un an qu’on a pas vu sa chĂšre petite famille sa nous semble un peu trop long » lettre du 29 juillet 1915. Le 13 aoĂ»t 1915 il ne sait toujours pas quand viendra son tour pour une permission. Le 16 octobre 1915 ce n’est pas encore mon tour j’irai sans doute aussi moi mais quand je n’en sais rien
 ». Le 13 janvier 1916 voilĂ  bientĂŽt 18 mois » qu’il n’a pas vu sa famille. Enfin Ă  la fin fĂ©vrier ou dĂ©but mars 1916 il a eu sa permission, il a retrouvĂ© les siens mais pour peu de temps. A son retour il faudra attendre encore de nombreux mois pour revoir les siens. Les permissions sont rares et courtes, et les soldats qui retournent dans leur famille sont souvent dĂ©sagrĂ©ablement surpris Ă  l'arriĂšre, on ne connaĂźt rien de leur vie au front. Les poilus s'emportent contre les embusquĂ©s », les planquĂ©s » qui sont parvenus Ă  Ă©viter le combat par des intrigues. Je vois tout le monde s’habituer Ă  la guerre et il se moque pas mal de ceux qui y sont mais nous autres un ne s’y habitue pas si facilement que ça. Je voudrais bien voir ceux qui en mettent tant dans leurs poches y venir faire un tour, ils ne craneraient pas tant comme ils le font en ce moment. C’est ce que je m’étais apperçu un peu en permission sur les raisonnements de plusieurs qui n’ont aucun des leurs aux dangers, ils pensent en eux, la guerre peut durĂ©e pendant ce temps lĂ  l’on vend tout moitiĂ© plus cher qu’en temps de paix. » lettre du 6 mars 1916 quel chance tout de mĂȘme ceux qui sont restĂ©s ils ne pensent guĂšre aux autres
 » lettre du 23 octobre 1916 Tout au long de cette guerre les soldats français ne mangeront pas forcĂ©ment Ă  leur faim contrairement aux soldats britanniques mieux lotis de ce cotĂ©s lĂ . Tu me demandes si l’on est bien nourrit dans la ferme oĂč nous allons, il y a des jours pour ça il y a d’autres que c’est maigre un peu, beaucoup de beurre Ă  tous les repas et comme boissons de la boitte comme on fait chez nous, ça ne donne guĂšre de force le vin
 » lettre du 30 mars 1915 Grace aux colis que leur famille leur feront parvenir, les petites douceurs de leur rĂ©gions amĂ©lioreront leur quotidien. J’ai reçu ton colis
 il y avait du beurre et du pĂątĂ©, le beurre est encore bon mais le pĂątĂ© n’est pas fameux, il Ă©tait Ă  moitiĂ© perdu
Quand tu me renverras quelque chose, envoi moi du beurre c’est ça qui se conserve le mieux et qui fait le plus de bĂ©nĂ©fice et qu’on aime le mieux » lettre du 21 mars 1916. Les colis mettant plus ou moins longtemps Ă  venir certaines des denrĂ©es pĂ©rissables n’étaient plus comestibles une fois que Louis recevait ses colis. Louis tout au long de sa correspondance avec Louise lui rĂ©clamera du beurre car il semble cher sur le front j’en vois qui en achĂšte aux environs de 5fr la livre, il n’est pas bon marchĂ©. » lettre du 25 aoĂ»t 1916 Certains recevaient aussi des conserves ou des boites de biscuits et les colis Ă©taient parfois complĂ©tĂ©s de nĂ©cessaire de toilette ou de vĂȘtements comme des gilets de peau » et des chaussettes » lettre du 10 mai 1915 Sources divers Archives dĂ©partementales de Loire Atlantique Archives Nationales BibliothĂšque Nationale de France Tapuscrit École de l’Artillerie-transcription intĂ©grale- Franck MUNT AOR 66-2015- Historique du 2Ăšme RAC Correspondances de guerre d’un poilu entre sa femme et lui
Publiéle 11/11/2013 à 10h00. ALBERT PROVOT, poilu ( 1895-1915 ) guerre 14-18, photographié pendant son service armé. La premiÚre lettre adressée à ses parenrs, domiciliés à Saint-Fargeau

Vues 734 Lettre d’un poilu Ă  sa femme La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempĂ©rer. » Le 30 mai 1917 LĂ©onie chĂ©rie J’ai confiĂ© cette derniĂšre lettre Ă  des mains amies en espĂ©rant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vĂ©ritĂ© et parce que je veux aujourd’hui tĂ©moigner de l’horreur de cette guerre. Quand nous sommes arrivĂ©s ici, la plaine Ă©tait magnifique. Aujourd’hui, les rives de l’Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversĂ©e, brĂ»lĂ©e. Le paysage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchĂ©es de premiĂšre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelĂ©s, c’est la guerre des mines avec la perspective de sauter Ă  tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, Ă©paisse, collante dont il est impossible de se dĂ©barrasser. Les tranchĂ©es s’écroulent sous les obus et mettent Ă  jour des corps, des ossements et des crĂąnes, l’odeur est pestilentielle. Tout manque l’eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillĂ©s, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid Ă  cause de la longueur des boyaux Ă  parcourir. Nous n’avons mĂȘme plus de sĂšches pour nous rĂ©conforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous rĂ©chauffer. Nous partons au combat l’épingle Ă  chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffĂ©s d’un casque en tĂŽle d’acier lourd et incommode mais qui protĂšge des ricochets et encombrĂ©s de tout l’attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participĂ© Ă  des offensives Ă  outrance qui ont toutes Ă©chouĂ© sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissĂ© extĂ©nuĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s. Les malheureux estropiĂ©s que le monde va regarder d’un air dĂ©daigneux Ă  leur retour, auront-ils seulement droit Ă  la petite croix de guerre pour les dĂ©dommager d’un bras, d’une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaĂźt Ă  tous comme une infĂąme et inutile boucherie. Le 16 avril, le gĂ©nĂ©ral Nivelle a lancĂ© une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un Ă©chec, un dĂ©sastre ! Partout des morts ! Lorsque j’avançais les sentiments n’existaient plus, la peur, l’amour, plus rien n’avait de sens. Il importait juste d’aller de l’avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d’accĂšs boisĂ©es, Ă©taient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil Ă  l’épaule j’errais, la sueur dĂ©goulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausĂ©e. Un vrai charnier s’étendait Ă  mes pieds. J’ai descendu la butte en enjambant les corps dĂ©sarticulĂ©s, une haine terrible s’emparant de moi. Cet assaut a semĂ© le trouble chez tous les poilus et forcĂ© notre dĂ©sillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l’état major. Tous les combattants dĂ©sespĂšrent de l’existence, beaucoup ont dĂ©sertĂ© et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter Ă  dĂ©poser les armes. La semaine derniĂšre, le rĂ©giment entier n’a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchĂ©e, nous avons refusĂ© de continuer Ă  attaquer mais pas de dĂ©fendre. Alors, nos officiers ont Ă©tĂ© chargĂ©s de nous juger. J’ai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempĂ©rer. En nous exĂ©cutant, nos supĂ©rieurs ont pour objectif d’aider les combattants Ă  retrouver le goĂ»t de l’obĂ©issance, je ne crois pas qu’ils y parviendront. Comprendras-tu LĂ©onie chĂ©rie que je ne suis pas coupable mais victime d’une justice expĂ©ditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliĂ©s de l’histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandĂ©s, Ă  l’aube, agenouillĂ© devant le peloton d’exĂ©cution. Je regrette tant ma LĂ©onie la douleur et la honte que ma triste fin va t’infliger. C’est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon dĂ©part au combat Ă©tait une si douce et si jolie folie mais aujourd’hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cƓur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire Ă  ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pĂšre est tombĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mĂ©moire des poilus fusillĂ©s pour l’exemple est rĂ©habilitĂ©e, mais je n’y crois guĂšre, alors seulement, et si tu le juges nĂ©cessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce LĂ©onie, lorsque le temps aura lissĂ© ta douleur, de ne pas renoncer Ă  ĂȘtre heureuse, de continuer Ă  sourire Ă  la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite Ă  toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous mĂ©ritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cƓur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravĂ©s dans ma mĂ©moire, seront mon dernier rĂ©confort avant la fin. EugĂšne ton mari qui t’aime tant Source Autrement-Vue

Lettred'un poilu Ă  sa femme : "La sentence est tombĂ©e : je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempĂ©rer." ***** Quatre ans d'horreur, de visions macabres et de sang qui coule. Mais aussi des heures Ă  attendre dans les tranchĂ©es, des moments d'ennuis, de doutes, puis de rĂ©confort au moment de lire les mots de sa bien-aimĂ©e, son frĂšre ou sa marraine. Certains soldats de la PremiĂšre Guerre mondiale se sont mĂȘme montrĂ©s poĂštes dans la douleur, au moment de partager leurs pensĂ©es avec leurs proches. Leurs essais, ceux qui n'Ă©taient pas censurĂ©s, se sont souvent retrouvĂ©s dans la presse de l'Ă©poque, comme une chronique de la Grande Guerre, vue de l' la veille de la cĂ©lĂ©bration du centenaire de l'armistice, RetroNews, le site de presse de la BibliothĂšque nationale de France BNF, nous ouvre ses archives afin de picorer dans ces Ă©crits d'oĂč jaillissaient parfois l'espoir, l'amour et l'humour ! Lorsque tu reviendras, je te gĂąterai de caresses
 » C'est vĂȘtu comme un ours [
] ça attend sa marmite [
] C'est informe, innommable et souvent plein de poux. C'est un poilu, madame
 et c'est votre Ă©poux ! » Ce 18 aoĂ»t 1916, le journal Le Radical publie en brĂšve ces quelques lignes d'un homme Ă  qui le front n'a visiblement pas enlevĂ© sa comme celui-lĂ , un certain Paquito, dont la lettre Ă  sa douce - en colĂšre - est publiĂ©e dans Le XIXe siĂšcle ChĂšre petite femme, ta derniĂšre lettre m'apprend que la Censure a mis le nez dans ta correspondance et je crois deviner, Ă  te lire, combien tu es ennuyĂ©e de cet accident et pĂ©niblement surprise de voir ainsi violer notre intimitĂ© et nos tendres secrets
 HĂ©las, Mienne chĂ©rie, [
] c'est la guerre ! Il n'y a plus Ă  s'Ă©tonner de rien », Ă©crit d'abord le soldat, qui poursuit en imaginant, avec humour, que le censeur est peut-ĂȘtre un ecclĂ©siastique choquĂ© de leurs manifestations de tendresse
 Et d'en conclure sa lettre en pied de nez Ă  son potentiel lecteur intrus Cher trĂ©sor adorĂ©, Ă©cris-moi toujours de bien amoureuses missives qui me sont ici le meilleur souvenir des heures de bonheur que nous avons vĂ©cues. Je te rĂ©pondrai toujours. Et la peste soit sur le censeur ! Reçois, Ă  sa barbe, les plus doux baisers de ton mari qui t'adore. »Avec une telle relecture, les coquineries doivent ĂȘtre discrĂštes, et imagĂ©es. Lorsque tu reviendras de tes froides tranchĂ©es, de tes boyaux sanglants, ĂŽ mon pauvre adorĂ©, pour te faire oublier tes rudes chevauchĂ©es, tes douleurs, ton cafard, ce calvaire abhorrĂ©, que je te gĂąterai de suaves caresses, que je te donnerai tous mes soins les plus doux, revivant en un jour nos premiĂšres ivresses en te couvrant, chĂ©ri, des baisers les plus fous ! » Bien qu'intitulĂ© Lettre d'une femme Ă  son mari », ces quelques phrases publiĂ©es dans Le Ver Luisant en janvier 1918 ne sont que l'expression du fantasme d'un soldat poĂšte, le sergent AndrĂ© Soriac, reconnu Ă  l'Ă©poque par ses pairs pour la musique de ses les Ă©crits enthousiastes des soldats sont dĂ©tournĂ©s pour faire la propagande d'une guerre qui dure
 Comme ce 23 fĂ©vrier 1916 dans Le Matin, dans une compilation de morceaux choisis intitulĂ©e La confiance de nos soldats ». Du fond des tranchĂ©es, nous jugeons
 » Note bien que si, pour avoir la victoire, il fallait encore se lancer dans la fournaise, nous sommes toujours prĂȘts Ă  y entrer ! » aurait ainsi Ă©crit l'un d'eux. Et l'article de conclure Chacun, suivant son tempĂ©rament, exprime sa foi imperturbable en l'avenir de la patrie. »Quelques rĂ©flexions politiques filtrent toutefois. Comme ce 7 dĂ©cembre 2015 dans le journal Le SiĂšcle Du fond des tranchĂ©es, nous jugeons les Ă©vĂ©nements de notre politique extĂ©rieure en nous Ă©loignant, chaque jour davantage, du point de vue qui semble prĂ©dominer dans les milieux gouvernementaux. [
] La plus abominable violence est dĂ©chaĂźnĂ©e contre nous [
] En dĂ©pit des conventions internationales qu'elle avait signĂ©es, l'Allemagne emploie contre nos soldats des gaz asphyxiants, elle maltraite les prisonniers de guerre, leur donne une nourriture insuffisante, les contraint Ă  des travaux de dĂ©fense contre nous-mĂȘmes [
] et pourtant dans les sphĂšres dirigeantes de Paris, on affecte des scrupules pour user de reprĂ©sailles ou tirer parti de toutes les armes qui peuvent concourir Ă  notre dĂ©fense », accuse un homme qui signe L'Ancien ».Et certains de partager leur rĂ©jouissance de la fin de la guerre, comme ce soldat en permission qui Ă©crit Ă  un camarade restĂ© au front Je regrette presque d'avoir eu ma permission au moment de la victoire. J'aurais voulu ĂȘtre avec vous, pour entendre chuinter le dernier obus et claquer la derniĂšre balle de mitrailleuse. [
] Nous aurions trinquĂ© ensemble. [
] Comme j'ai pensĂ© Ă  vous en lisant les journaux
 [
] Vraiment oui, vous avez dĂ» ĂȘtre heureux. L'ennemi capitule. Nous avons la victoire complĂšte. Et vous y entrerez, en Allemagne, Parbleu ! » Lettred’un jeune prĂȘtre Ă  ses sƓurs. Mort pour la France en 1916 Ma bien chĂšre petite Edith, ma bien chĂšre petite Alice, si vous recevez cette lettre, c’est que le bon Dieu aura acceptĂ© le sacrifice que, depuis longtemps dĂ©jĂ , je lui ai fait de ma vie. Avec moi, mes bien chĂšres petites, il faudra, non pas pleurer, Martin Vaillagou est nĂ© le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a Ă©pousĂ© sa femme EugĂ©nie en 1900 et il est venu vivre avec elle Ă  Malakoff, prĂšs de Paris. LĂ , ils ont fondĂ© ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospĂšre. Deux enfants sont nĂ©s Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin Ă©tait admirateur de JaurĂšs et poĂšte Ă  ses heures. MobilisĂ© comme ses quatre frĂšres, le soldat Vaillagou Ă©tĂ© tuĂ© avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la rĂ©gion de Mourmelon, le 25 aoĂ»t 1915, un mois avant la mort de deux de ses frĂšres, tuĂ©s le mĂȘme jour et au mĂȘme endroit. Maurice, son fils aĂźnĂ© qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dĂ» travailler aprĂšs la mort de son pĂšre dans une entre­prise de produits chimiques. Il est mort d'une leucĂ©mie foudroyante en janvier 1918, trois ans aprĂšs son pĂšre. Il avait quatorze ans. Voici pour Maurice. Je vais exaucer les voeux Ă  Maurice dans la mesure du possible. D'abord pour les lignes de combat, je vais tra­cer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer Ă  maman, Ă  moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pour­rai le faire. J'en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n'est pas sĂ»r. Ce n'est pas main­tenant le moment d'aller les dĂ©coiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut rĂ©flĂ©chir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu'un garçon prussien Ă©crive Ă  son pĂšre la mĂȘme chose que toi et qu'il lui demande un kĂ©pi de Français, et si ce papa prussien rapportait un kĂ©pi de Français Ă  son petit garçon et que ce kĂ©pi fut celui de ton papa ? Qu'est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plys tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque de Prussien, je vais t'envoyer Ă  toi, Ă  Raymond, maman peut les rece­voir aussi, des petites fleurs de primevĂšres que les petits enfants garçons et filles du pays oĂč je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j'ai cueilli cette annĂ©e dans leur jardin pour te les envoyer. Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de mĂȘme. Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu Ă  leur malheur de n'ĂȘtre plus dans leur maison. Je vois, je mets mĂȘme mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a lĂ  deux, mĂȘme que je ne peux voir sans penser Ă  vous et les larmes aux yeux me disent que vous ĂȘtes tout de mĂȘme heureux par rap­port aux autres... Suippes Marne, le 26 aoĂ»t 1914 Vaillagou Martin Ă  ses deux fils Maurice et Raymond Mes chers petits, Du champ de dĂ©vastation oĂč nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une prĂ©cieuse relique; vous obĂ©irez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu'elle puisse vous Ă©lever et vous instruire jusqu'Ă  ce que vous puissiez vous instruire vous-mĂȘme pour comprendre ce que j'Ă©cris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours Ă  faire l'impossible pour maintenir la paix et Ă©viter Ă  tout prix cette horrible chose qu'est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur!... villages incendiĂ©s, animaux pĂ©rissant dans les flammes. Etres humains dĂ©chiquetĂ©s par la mitraille tout cela est horrible. Jusqu'Ă  prĂ©sent les hommes n'ont appris qu'Ă  dĂ©truire ce qu'ils avaient créé et Ă  se dĂ©chirer mutuelle­ment. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement Ă  crĂ©er la prospĂ©ritĂ© et la fraternitĂ© de l'univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre pĂšre qui du front de bataille vous embrasse avec effusion, Exprimerson chagrin Ă  une personne endeuillĂ©e. Cher ami, Une belle Ăąme, pleine de gĂ©nĂ©rositĂ© et de compassion, s'en est allĂ©e loin de toi, en te laissant dans la solitude et le chagrin. Perdre un ĂȘtre proche, c'est perdre un peu de soi-mĂȘme. Lorsque j'ai connu cette Ă©preuve, lors du deuil de mon mari, j'ai eu l'impression pendant des
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Alléjusko bout car c vrémetn tres touchant!!! merci Le 22 février 1915 Ma chÚre Marie, Tu ne saurais croire la vaillance et l'héroïsme de nos braves soldats ; quand je dis : " vaillance et héroïsme ", je n'entends pas parler comme les journaux dans un sens vague et général et prendre ces mots presque comme un cliché systématique lorsqu'il
Le 28 dĂ©cembre 1914. Ma bien chĂšre Alice, Nous sommes de nouveau en rĂ©serve pour quatre jours, au village des Brebis. [
] Quatre jours aux tranchĂ©es, quatre jours en rĂ©serve. Nos quatre jours de tranchĂ©es ont Ă©tĂ© pĂ©nibles Ă  cause du froid et il a gelĂ© dur, mais les Boches nous ont bien laissĂ©s tranquilles. Le jour de NoĂ«l, ils nous ont fait signe et nous ont fait savoir qu’ils voulaient nous parler. C’est moi qui me suis rendu Ă  trois ou quatre mĂštres de leur tranchĂ©e d’oĂč ils Ă©taient sortis au nombre de trois pour leur parler. Je rĂ©sume la conversation que j’ai du rĂ©pĂ©ter peut ĂȘtre deux cents fois depuis Ă  tous les curieux. C’était le jour de NoĂ«l, jour de fĂȘte, et ils demandaient qu’on ne tire aucun coup de fusil pendant le jour et la nuit, eux-mĂȘmes affirmant qu’ils ne tireraient pas un seul coup. Ils Ă©taient fatiguĂ©s de faire la guerre, disaient-ils, Ă©taient mariĂ©s comme moi ils avaient vu ma bague, n’en voulaient pas aux Français mais aux Anglais. Ils me passĂšrent un paquet de cigares, une boĂźte de cigarettes bouts dorĂ©s, je leur glissai Le Petit Parisien » en Ă©change d’un journal allemand et je rentrai dans la tranchĂ©e française oĂč je fus vite dĂ©valisĂ© de mon tabac boche. Nos voisins d’en face tinrent mieux leur parole que nous. Pas un coup de fusil. [
] Le lendemain, ils purent s’apercevoir que ce n’était plus NoĂ«l, l’artillerie leur envoya quelques obus bien sentis en plein dans leur tranchĂ©e. Fais part de mes amitiĂ©s Ă  tous et Ă  toi, mes plus affectueux baisers.
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